Une maternité rouge n’est pas une sortie récente mais une découverte heureuse dans une médiathèque axonaise.

Le pavillon des Sessions du musée du Louvre constitue une antenne permanente du musée du quai Branly-Jacques Chirac. Il abrite plus de cent chefs-d’œuvre du monde extra-européen, de manière diachronique et selon un regroupement d’après l’origine des artefacts.

Parmi les merveilles ainsi conservées et exposées figure une maternité, ou « Maternité rouge », statuette représentant une femme assise sur un tabouret et tenant un enfant (il s’agirait, a priori, d’ une allégorie de la fécondité). Elle est attribuée au « Maître de Tintam » et date du XIVe siècle de notre ère. Le nom de « Maternité rouge » lui vient de la patine (rouge) dont elle est recouverte.

Christian Lax a imaginé l’existence d’une statuette très proche stylistiquement pour tisser une fiction menant un jeune homme, Alou, du Mali à Paris.

Alou va échapper de justesse à la barbarie du fanatisme religieux, découvrir fortuitement une statuette représentant une « Maternité rouge » et se voir confier la lourde tâche de conduire cet objet jusqu’à la conservation du Louvre.

Le jeune Malien va passer de Charybde en Scylla tout au long de son Odyssée, entre passeurs immondes et violence ordinaire, traversée épouvantable de la Méditerranée et vie de misère parmi d’autres exilés.

Sur place, alors qu’il touche au but, il va découvrir que même chez un homme cultivé et ouvert d’esprit, l’existence d’un être humain paraît parfois moins importante que celle d’une œuvre d’art…

Une très belle réussite, servie, comme à l’accoutumée dans les œuvres de Christian Lax, par un dessin d’une grande sensibilité.

Grégoire Masson