Adapter un roman récent plébiscité aux Etats-Unis, comme le Wilderness de Laurence Weller auréolé du Prix Médicis étranger 2013, voilà le défi relevé par le dessinateur Bandini et le scénariste Ozanam, un tandem qui avait déjà bien fonctionné avec Face contre ciel (Casterman, 2007). Le duo s’en sort très bien avec une mention particulière pour Bandini dont les dessins, qui oscillent entre précision chirurgicale, ambiances chromatiques parfaitement rendues ou lavis révélateurs de la complexité des âmes, sont saisissants de noirceur entre autres. On les scrute deux ou trois fois pour prendre la mesure de la force de ses lignes.
A la vie, à la mort
L’histoire, c’est celle d’Abel, ancien confédéré qui, au crépuscule de son existence, dans les ultimes années du XIXe siècle, retourne sur les lieux qui ont forgé ses années d’adulte. En suivant ce parcours à rebours, le héros Abel Truman nous convie à une lutte perpétuelle entre la vie et la mort, à un voyage temporel entre Guerre de Sécession (1861-65) et 1899, à une alternance de noir et blanc pour la Guerre de Sécession et cette bataille de la Wilderness (1864, 27 000 morts) et de couleurs pour 1899, mais aussi à l’horreur et à la folie des hommes, au milieu d’une nature remarquablement interprétée, singulièrement dans sa dimension sylvestre, comme le souligne la magnifique quatrième de couverture. Et comme le rappelle cette immense forêt de Virginie qui fut le théâtre de la bataille de la Wilderness.
Finalement, on ressort de cette bd un peu secoué par ces destinées humaines, accaparé par ces fils narratifs bien emboîtés et parfois subjugué par la qualité graphique. Bref, un ouvrage qui fera référence chez les Editions Soleil.
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