Dans sa nouvelle livraison,100 photos pour la liberté de la presse, Jacques Henri Lartigue100 Photos de David Bailey pour la liberté de la presse, David Bailey Reporters sans frontières dresse son bilan des « prédateurs de la liberté de la presse » avec Teodoro Obiang Nguema, en Guinée Équatoriale, qui est qualifié de « prédateur historique de la liberté de la presse », Sheikh Hasina, première ministre du Bangladesh (« tout journaliste qui oserait la remettre en question risque jusqu’à 14 ans de prison », p.8), Jair Bolsonaro au Brésil qui a pu qualifier la presse « d’ennemie de l’État » et Victor Orbán dont le parti contrôle 80 % du paysage médiatique de Hongrie.

La journaliste syrienne Zaina Erhaim, d’un courage inouï, est le grand témoin choisi par l’association. Formée au journalisme à Damas, elle couvre la guerre à partir de 2011 dans son pays natal. Formatrice de journaliste, elle va, après avoir appris l’attaque contre Charlie Hebdo, prendre publiquement parti pour les journalistes de l’hebdomadaire et va alors subir des menaces effroyables. Elle est lauréate du prix Peter Mackler en 2015 et du prix RSF en 2020.

Un article fait ensuite le bilan des conditions d’exercice vécues par les journalistes en Syrie. Les chiffres sont tout simplement épouvantables : 702 journalistes et blogueurs syriens tués depuis 2011 et 434 journalistes et blogueurs emprisonnés depuis la même date.

Un focus est fait sur le dirigeant Abdel Fattah Al-Sissi en Egypte. Le pays est classé 166e par RSF en matière de liberté de l’information. Les arrestations arbitraires de journalistes, la censure et le contrôle des médias y sont dénoncés. RSF mentionne également l’existence de 60000 prisonniers politiques dans le pays.

Le media DVB, pour Democratic Voice of Burma, fondé il y trente ans, et de nouveau contraint à l’exil, est aussi mis sous les projecteurs. Son histoire suit celle de la Birmanie et il demeure le garant d’une information libre.

Enfin, Willis From Tunis commente le très beau dessin de Mana Neyestani, dessinateur iranien exilé en France, dessin figurant un homme peignant « en bleu » une « ranger de Damoclès ».

Cent dessins d’Astérix sont présents dans cet album ce qui, pour Christophe Deloire, secrétaire général de RSF, est parfaitement logique. Il écrit ainsi dans son éditorial : « nous nous identifions aisément à la « résistance joyeuse » d’Astérix, héros de cet album. Comme Astérix, nous ne sommes pas très grands mais nous essayons d’être futés ; comme lui, nous buvons régulièrement de la potion magique (les encouragements de nos soutiens) ; comme lui, nous goûtons à la franche camaraderie face aux empires et aux oppressions (p.5) ».

Un réel plaisir de lecture en ressort. Les planches sont classées par thèmes, ponctués de textes d’intervenants de qualité. Agathè Tychè aux Reporters sans limes !

Grégoire Masson