Encore un atlas Autrement qui tient ses promesses, avec sa formule classique d’un thème par double-page qui permet de balayer des millénaires d’Histoire égyptienne de façon claire et concise. Rédigé par Claire Somaglino et cartographié par Claire Levasseur, cet atlas nous fait en effet voyager en Égypte ancienne, de la fin de la Préhistoire à Alexandre le Grand.
Le petit ouvrage de 96 pages contient une grande diversité de documents. Outre de belles cartes détaillées et claires, l’atlas contient des graphiques, des plans, des hiéroglyphes…
L’atlas est divisé en cinq parties.
Les relations entre les humains et leur milieu
Bien sûr, cette partie fait la part belle au Nil, qui a été un pôle d’attraction pour les êtres humains dès la Préhistoire. Au fil des cartes, nous pouvons comprendre pourquoi l’Égypte est un « don du Nil », au cœur du croissant fertile, qui a vu se développer une civilisation originale et puissante grâce aux nombreuses ressources que le fleuve a offert aux hommes. Ainsi, l’Égypte ancienne ressemble à une oasis au milieu d’une zone qui devient de plus en plus aride au cours du néolithique.
Dans cette partie, nous découvrons également de quelle façon l’espace a été découpé par ses habitants, cet espace à la fois perçu, imaginé et rêvé. Ainsi, nous découvrons le découpage de l’un des premiers États territoriaux du monde à travers les régions appelées « nomes ».
Cette première partie pose les bases du développement de la civilisation égyptienne avec le Nil, le long du Nil.
Nous retiendrons par exemple les pages 12-13, « De la plaine alluviale aux déserts », illustrée d’une coupe d’une section de la vallée du Nil et d’une carte présentant la morphologie changeante du delta du Nil, très intéressantes pour comprendre pourquoi la zone était propice à l’installation humaine et à l’agriculture à la fin du néolithique et au début l’Antiquité.
Des origines de la culture égyptienne à la fin de l’Ancien Empire
Dans cette deuxième partie, nous revenons à la Préhistoire avec tout d’abord 4 cartes présentant l’évolution de l’occupation du Sahara oriental durant l’holocène.
Puis les documents nous emmènent au début de l’Antiquité, lors des premières dynasties de pharaons égyptiens. L’époque thinite (entre 3085 et 2750 av. J.-C.) a ainsi sa double page, car c’est l’époque de la mise en place des cadres de l’État de la monarchie, avec l’affirmation d’une capitale, Memphis.
Les pyramides sont abordées dans cette partie, avec des documents exploitables en classe, carte et reconstitution des différentes pyramides, qui nous permettent à la fois de localiser et différencier ces monuments symboliques de l’Égypte ancienne.
Aussi, l’Égypte ne se centre pas uniquement sur le Nil, mais elle s’ouvre à l’extérieur comme nous le montre la double page sur les relations avec l’étranger, à la fois militaires et commerciales.
Cette deuxième partie nous permet de comprendre de quelle façon la société égyptienne s’organise et se structure autour de son roi et grâce aux ressources de son territoire.
Nous retiendrons par exemple les pages 30-31 qui nous présentent « l’époque de Nagada », c’est-à-dire la toute fin du néolithique juste avant la première dynastie, période peu connue qui a pourtant permis le développement culturel et politique de l’Égypte, selon un processus a priori peu linéaire.
La Première Période intermédiaire et le Moyen Empire
Cette partie recouvre une grande période s’étalant de 2250 av. J.-C. 1700 av. J.-C., durant laquelle l’Égypte a connu beaucoup de changements.
Les cartes permettent de représenter les différentes zones de contrôle et les zones d’affrontements de la première période intermédiaire, souvent montrée comme un âge obscur dans les sources. C’est en fait une période de transition. Le Moyen Empire quant à lui est vu comme un âge classique, avec une monarchie centralisée stable.
Cette troisième partie nous donne à voir comment le pharaon impose sa puissance en devenant un dieu, dans un contexte de lutte avec les peuples voisins. La Première Période intermédiaire souvent considérée comme trouble a finalement permis d’asseoir le pouvoir du pharaon.
Nous retiendrons par exemple les pages 52–53, consacrées à « la colonisation égyptienne en Nubie au Moyen Empire » : cette page montre l’intérêt que représente la Nubie pour les souverains égyptiens de la période, et leurs différentes stratégies pour dominer la région avec en particulier un puissant réseau de forteresses, prouesses architecturales, édifiées en Basse Nubie, ainsi qu’une administration spécifique dédiée à cette région.
La Deuxième Période intermédiaire et le Nouvel Empire
De 1700 à 1069, la Deuxième Période intermédiaire puis le Nouvel Empire se succèdent. La Deuxième Période intermédiaire est une période de redéfinition du pouvoir royal, autour de la capitale Thèbes. Nous pouvons suivre les dynasties qui mettent en œuvre la réunification du royaume.
Le Nouvel Empire, souvent plus connu que la Deuxième Période intermédiaire avec en particulier Akhénaton et Ramsès II, est étudié sur plusieurs doubles pages qui permettent de mieux localiser et de mieux comprendre chaque dynastie, et l’organisation de son territoire, en particulier grâce à de nombreux plans.
Le Nouvel Empire est également une période de conquête et d’ouverture sur le monde, en particulier sur le Proche-Orient, que nous visualisons grâce à des cartes richement expliquées.
Cette quatrième partie se concentre sur le rôle du pharaon du Nouvel Empire, qui, en tant que dieu, domine toute l’Égypte.
Nous retiendrons par exemple la double page 64–65, intitulée « Thèbes, capitale monarchique et cultuelle », qui nous donne à voir la ville d’Amon à l’aide de trois documents dont un plan de Thèbes au Nouvel Empire.
La Troisième Période intermédiaire et l’époque tardive
Cette cinquième partie nous donne à voir comment le pharaon d’Égypte s’affaiblit au profit de puissants conquérants extérieurs, avec de nombreuses guerres civiles, à la fin de l’âge du Bronze. Cette partie s’étend de 1069 av. J.-C. à 332 av. J.-C., avec la conquête d’Alexandre.
Nous voyons fil des pages l’éclatement, le morcellement du royaume d’Égypte avec des phases de reconquête fragile, grâce à de nombreuses cartes.
Nous retiendrons par exemple les pages 90–91, « Changements culturels durant le Ier millénaire av. J.-C. », où l’on constate un fléchissement de la religion égyptienne vers les cultes aux dieux enfants, aux animaux ainsi qu’aux mythes d’Osiris. Ainsi, la carte des principales nécropoles d’animaux à l’époque tardive et gréco-romaine est édifiante. Le premier millénaire est également une période de développement impressionnant de l’art de la littérature.
Cet atlas contient de nombreuses informations, cartes et documents qui permettent de mieux appréhender plusieurs millénaires de l’histoire d’une civilisation brillante et énigmatique.
Cet atlas sera utile aux professeurs du secondaire pour illustrer leurs cours et pour l’étayer d’informations précises. Il sera aussi précieux pour les passionnés de l’Égypte ancienne qui y trouveront de nombreux éléments peu connus sur la vie sociale, culturelle et politique de l’Égypte ancienne.
Un ouvrage à la fois pratique d’accès et riche d’informations.