Maître de conférences en histoire médiévale à l’université de Poitiers et membre du Centre d’études supérieures de civilisation médiévale, Edina Bozoky vient de publier une belle biographie sur le « fléau de Dieu », c’est-à-dire sur Attila qui incarne aujourd’hui encore la barbarie absolue pour la plupart des pays sauf la Hongrie. Intitulé Attila et les Huns. Vérités et légendes, cet ouvrage a été publié aux éditions Perrin.

Né vers 395, Attila était le roi des Huns. Il était de type mongol, petit et austère. Souvent considéré comme le mal absolu, Attila succéda en effet vers 434 à son oncle Rugas. A l’époque, l’empire des Huns était immense. Cette peuplade vivait initialement à l’est de la Volga, mais réussit à se forger un empire allant de la mer Caspienne jusqu’aux Alpes, en passant par l’actuelle Hongrie. Son centre se trouvait dans les environs de Györ.

Après avoir évincé et tué son frère Bléda, Attila parvint en 446 à regrouper sous sa houlette toutes les tribus de Huns. Fort de cette impressionnante et puissante armée, Attila envahit à deux reprises l’empire romain d’orient. A chaque fois, le roi des Huns imposa de rigoureuses… et onéreuses conditions de paix. En 443, ses troupes atteignirent Constantinople. Quelques années plus tard, il occupa les Balkans et même une large partie de la Grèce.

Attila parvint ensuite en Gaule où il réussit, en avril 451, à mettre la main sur Metz, qu’il soumit au pillage, puis se dirigea vers Paris. Lors du siège de la capitale, sainte Geneviève eut de célèbres paroles : « Que les hommes fuient, s’ils veulent, s’ils ne sont plus capables de se battre. Nous les femmes, nous prierons Dieu tant et tant qu’Il entendra nos supplications ». Assez miraculeusement, Paris fut épargnée, puisque Attila s’avança jusqu’à Orléans, dont le siège fut finalement levé sur les instances d’Aetius et de Théodoric Iier.

Retournant donc en Champagne, Attila fut vaincu lors de la bataille des champs Catalauniques, puis fut repoussé hors de Gaule. Il en profita pour laisser son armée se restaurer, avant de partir à la conquête de l’Italie du Nord, qu’il envahit en 452. Il se livra alors au sac d’Aquilée, de Milan et de Padoue. L’avancée d’Attila fut néanmoins stoppée. Elle le fut non pas par l’empereur Valentinien III, mais par la diplomatie et l’or du pape.

Après une rencontre avec le souverain pontife à Mantoue, le « fléau de Dieu » revint donc en Pannonie. Alors qu’il envisageait une nouvelle attaque contre l’orient, Attila mourut vers 453 d’une hémorragie la nuit de ses noces avec Ildiko. C’est dans le plus grand secret qu’il fut inhumé. Même les esclaves qui avaient creusé sa tombe furent égorgés…

L’empire des Huns connut le même sort que son chef, le premier ne survécut pas longtemps au trépas du second. Durement touchés par la peste, les Huns retournèrent vers la Volga et ce faisant soulagèrent définitivement l’Europe du péril mongol.