La présentation générale de la collection reprend celle formulée pour un précédent opus.
15-25
ALT, c’est une nouvelle collection à destination des 15-25 ans. Il s’agit de courts essais engagés et percutants. L’ouvrage est fait pour être lu en une heure pour se forger une opinion. Il est organisé en petits paragraphes avec des informations qui apparaissent en bleu. Il y a une publication par mois, soit dix titres prévus en 2023. Cette collection vise les adolescents à un moment où ils sont en pleine construction intellectuelle.
L’auteur
Ghada Hatem dirige La Maison des Femmes à Saint-Denis, un lieu qu’elle a fondé en 2016 où l’on accueille et soigne les victimes de violences de toutes sortes.
Une question toujours d’actualité
L’autrice relate d’abord la longue histoire des femmes pour arriver à avoir le droit de disposer de leur corps. Il est frappant de constater qu’aujourd’hui en France seulement 66 % des 18-24 ans défendent le droit à l’avortement alors qu’elles sont 84 % chez les 50 ans et plus. La décision récente de la Cour suprême des Etats-Unis a montré que rien n’était jamais définitivement acquis.
Quelques repères pour commencer
En France, une femme sur deux aura recours à un avortement à un moment donné dans sa vie. La prise de la pilule n’est jamais une garantie totale. Une demande d’avortement sur trois est liée à des épisodes de violence dans la famille. Aujourd’hui, un décès maternel sur huit dans le monde est dû à un avortement dans un pays où il est interdit.
Retour dans l’histoire
Ghada Hatem revient ensuite sur l’histoire en évoquant tout d’abord l’Egypte ancienne et les techniques qui existaient alors pour maitriser la fécondité. On était loin d’une efficacité totale, mais cela montre que la volonté de vouloir maitriser sa fécondité est vieille de plusieurs siècles. Bien plus tard, en 1970 en France, une femme mourait tous les jours des suites d’un avortement clandestin. L’autrice rappelle le rôle joué par les associations militantes pour sensibiliser à cette réalité.
Petite histoire de la loi Veil et de ses rebondisssements
Il faut se souvenir que plusieurs projets de lois avaient été proposés avant que la loi Veil ne soit votée en 1975. En 2001, le délai pour avorter est porté à douze semaines et à quatorze en 2022. Depuis 2013 l’avortement est remboursé à 100 %.
Ailleurs dans le monde
Sur un tel sujet, regarder les autres pays est fondamental. 60 pays autorisent l’IVG sans restriction et en Espagne le délai pour avorter est de 22 semaines. Les lois reflètent souvent la culture et les croyances des pays.
Une question de société
Ghada Hatem passe en revue la position des différentes religions et, s’interroge aussi sur l’attitude des hommes face à l’avortement. Elle constate aussi que, depuis sa légalisation, le nombre d’avortements est stable en France et se situe aux alentours de 200 000 ce qui permet de mesurer qu’il s’agit bien là d’un véritable sujet de réflexion pour les politiques et les professionnels de la santé publique.
Des pistes pour changer la donne
Cette partie évoque l’avortement médicamenteux qui semble moins intrusif et il indique aussi le site WoW, Women on Web, qui aide chaque année des milliers de femmes et dont le contenu est traduit en seize langues. Il y a enfin cette piste essentielle qu’est l’éducation des garçons. Elle peut se faire lors des séances annuelles d’éducation à la vie sexuelle et affective que prévoit la loi depuis 2001 pour le collège et le lycée.
Ghada Hatem conclue que « la génération des militants de la première heure ne peut que passer le flambeau et qu’il est temps d’assurer la relève ».
En à peine trente pages, le livre offre donc à la fois un panorama de la question de l’avortement en le replaçant dans l’histoire et en proposant des éclairages selon les pays. Elle montre surtout que c’est bien une question qui concerne toute la société.