« Si chacun s’y était préparé, les mots « la Reine est morte » le 8 septembre 2022 provoquèrent une onde de choc, qui se fit ressentir bien au-delà des frontières du Royaume-Uni. Son fils ainé, Charles devait toutefois enfin assumer le rôle pour lequel il est né. Depuis plus de 70 ans, il est l’héritier direct de la couronne britannique à avoir attendu le plus longtemps son accession au trône.
Aujourd’hui roi, qui est Charles III ? Comment sa vie publique et privée l’a-t-elle préparée à assumer, à l’âge où ses pairs profitent des joies de la retraite, la fonction de chef d’État du Royaume-Uni et de 14 autres pays, ainsi que de celle de chef du Commonwealth ? »Extraits de la 4ème de couverture

L’auteur

D’après le site internet Lisez, Philip Kyle est né en 1983 de parents britanniques émigrés en France. Éduqué en France et au Royaume-Uni, il est parfaitement bilingue. Pendant près de trois ans, il travailla pour la Fondation du Prince Charles, The Prince’s Trust, où il s’occupait des relations avec la presse. Depuis, il a travaillé au service communication de la BBC, puis a dirigé celui de la chaîne d’information internationale Euronews. Avec Charles III, Philip Kyle signe sa première biographie.

Philip Kyle n’est donc ni historien, ni journaliste indépendant. Sa formation universitaire est inconnue. L’absence de mention d’une proximité personnelle avec son royal sujet ou d’accès à de sources de première main, ainsi que la pauvreté de sa bibliographie, largement constituée d’articles de presse, nous font considérer avec d’infinies précautions cet ouvrage. Toutefois, remarquons que cela n’a nullement empêché Philip Kyle d’être invité à la télévision et au Figaro à l’occasion du couronnement du 6 mai dernier.

Une chronique superficielle sur la vie du prince de Galles

L’ouvrage est structuré de façon chronologique, par tranche d’une dizaine d’années en moyenne :

I. Un prince héritier (1948-1969)

II. Un prince de Galles (1969-1979)

III. Un prince et une princesse (1980-1988)

IV. Un prince mal aimé (1988-1997)

V. Un prince militant (1997-2012)

VI. Un prince en transition (2012-2022)

Il n’y a pas le livret de photographies que l’on trouve dans de nombreuses biographies, pas trace non plus d’une réelle démarche d’enquête ou d’exposition de sa méthodologie.

Sur le fond, on ressort très peu nourri de cette lecture malgré les plus de 400 pages au compteur. Cela tient aux arbitrages effectués par l’auteur de toujours privilégier la description en lieu et place de l’analyse. On connaît les disciplines que le prince Charles a apprises dans sa jeunesse, mais sans savoir le contenu. On identifie son entourage, on égrène quelques éléments généraux mais sans jamais vraiment présenter la singularité de chacun d’entre eux. Les institutions ou les lieux que le prince de Galles a pu côtoyer ne sont pas non plus présentés, si ce n’est allusivement. Hormis la consultation de la presse et des biographies déjà parues, l’auteur n’a semble-t-il rencontré personne ou fait un quelconque déplacement pour son sujet. Par contre, tous les grands poncifs sont là, depuis les douloureuses années au pensionnat de Gordonstoun, la vie de célibataire bourreau des cœurs, le mariage raté avec Lady Di, jusqu’à l’irruption de Megan Markle.

Le Prince’s Trust, l’environnement : les combats du prince

Ayant travaillé lui-même au sein du Prince’s Trust, Philip Kyle apparaissait comme bien placé pour parler de cette institution régulièrement présentée comme LE grand succès du prince Charles. Évoqué après une centaine de pages, ce projet visait à accompagner la réinsertion des jeunes. Les mêmes pages abordent également le combat en faveur de l’environnement et tout le mal qu’inspire l’architecture moderne à l’hériter de la Couronne. Toutefois, du fait de l’organisation chronologique de l’ouvrage, on ne dépasse pas la surface des choses. Arrive très vite l’ouragan Diana, le mariage en mondovision, la naissance du prince William et du prince Harry, etc. Vers la page 181-182, on retrouve le sujet et on apprend, point à créditer à Philip Kyle, l’existence d’un documentaire diffusé en 1990 par le prince de Galles, The Earth in Balance, avec la participation d’Al Gore.

Après cinquante autres pages sur la séparation et le divorce avec Diana, puis le décès de cette dernière à Paris en 1997, quelques passages montrent la fidélité des engagements du prince pour l’architecture traditionnelle et l’environnement ainsi que la période de reconstruction qui suivit la disparition de la princesse de Galles (p. 253-260). Tout un chapitre est dédié à l’Islam (pp. 293-304), une autre facette inattendue du prince, traité malheureusement assez vite.

Finalement, l’expérience de l’auteur au Prince’s Trust ne permet pas d’éclairer finement cet aspect de la vie du prince.

Conclusion

Sur la capacité du roi à relever les défis de son règne, l’ouvrage ne sort pas de la prudence habituelle et enchaîne en deux pages sur un arbre généalogique en annexe, les notes et la bibliographie.

Dans l’ensemble, cette biographie est très décevante. Sur le fond, on peine à dépasser la lecture au premier degré d’une collation d’articles grand public. Quant à la plume, elle est facile à lire mais moins habile et personnelle que celle d’un Jean Des Cars par exemple. Je ne conseille pas cette lecture.