Préciser les contours du concept encore flou qu’est la géomatique et présenter des exemples de débouchés professionnels s’y rattachant, voilà les deux volets de la question posée par Françoise de Blomac, journaliste militante et rédactrice en chef de la revue mensuelle en ligne, SIG la lettre.

Réunissant 12 témoignages d’acteurs d’horizons et de statuts variés, Françoise de Blomac introduit le débat en exposant les grandes étapes historiques ayant conduit à l’avènement de la géomatique (des premiers logiciels et premiers satellites des années 1960 à la démocratisation actuelle relayée par Internet) et à l’évolution de ses champs d’application (des sciences dures aux applications humaines tels le marketing, la santé ou encore l’urbanisme).

On apprend que s’il a été proposé par un géomètre français en 1968, le terme s’est davantage popularisé au Québec. Très englobant, il regroupe le stockage, le traitement, la représentation ou encore la modélisation de données spatiales par l’usage de l’outil informatique comme l’indique la contraction.

Que relatent donc ces professionnels, ces 12 géomaticiens et géomaticiennes issus d’un vivier qui pourrait en contenir plus de 15.000 alors que l’ANPE ne recense pas encore le métier dans ses codes ROME ?

En tant que pionniers, ces jeunes praticiens ont d’abord dû convaincre leurs employeurs de leur foi en cette approche novatrice et en ses possibilités. Dès lors, c’est avec courage et abnégation qu’ils ont développé leurs idées, de stages en stages, de mémoires en thèses, en passant par de nombreux statuts avant de voir la reconnaissance, du moins la stabilité, arriver. La vocation était là ou non au départ, la révélation s’est également faite dans des contextes extrêmement variés (même si les hommes confessent avoir découvert la passion des cartes lors du service militaire).

Certains ont développé des produits informatiques précurseurs (Reports, le premier logiciel gratuit de gestion de métadonnées ou le 3615 ITI, ancêtre de Mappy), d’autres ont créé des structures indépendantes (Alisé, l’Atelier Languedocien d’Information Spatialisée ou Prorentsoft, société spécialisée dans les systèmes de transport intelligent et l’intégration des TIC dans le transport public de voyageurs), d’autres encore ont œuvré dans le domaine de l’enseignement (les formations de l’université de Saint-Etienne ou la première chaire de géomatique à l’ESGT).

Tous participent avec conviction à la diffusion de leur savoir acquis et nombreux se rejoignent sur quelques questions de fond importantes soulevées lors des fins de chapitres « regard sur la géomatique » : attention aux écueils de l’esthétisme et de la fascination des images de type Google Earth pour le profane, ne pas réduire les SIG à de simples outils techniques ne méritant pas le statut d’objets de pensée, enfin de manière plus large, favoriser le rapprochement entre sciences dures et sciences humaines, notamment au sein même de la géographie.
lionautes

Quant à l’usage du terme, il semblerait que l’on puisse faire de la géomatique comme Monsieur Jourdain, peu d’entre eux mettant en avant ce statut de géomaticien.
Un ouvrage très intéressant de cette collection florissante, de lecture agréable qui permet bien de cerner cette nouvelle branche qu’est la géomatique, notamment au travers de la diversité des carrières potentielles. Ravira donc les étudiants en premier lieu ou toute personne intéressée par une évolution professionnelle. On apprécie justement la présence d’un glossaire et d’informations pratiques relatives aux formations, organismes et débouchés.

Quelques remarques toutefois. L’ensemble aurait pu être un tout petit peu allégé : la partie « figures marquantes » fait souvent doublon avec le récit de la vocation des interviewés (le commandant Cousteau et Haroun Tazieff font toujours recette !), quant au focus sur l’album, le tableau ou le livre préféré de chacun, on ne voit pas trop le rapport avec la géomatique… On note aussi que la majorité des enquêtés exercent dans le Sud-Est : réseau personnel de l’auteur ou réel héliotropisme ? Quelques images, captures d’écran auraient été les bienvenues pour tenter d’appréhender cette diversité des supports et des applications. Ceci dit, il est possible de compléter cette lecture par le visionnage de cette conférence diffusée sur Canal U :
http://w3appli.u-strasbg.fr/canalc2/video.asp?idVideo=5319&voir=oui

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