Economiste engagé, Raphaël Didier nous invite au pays de la transparence verbale en mettant un grand coup de pied dans la fourmilière de « l’expertocratie » stérile qui gangrène le débat public.

Selon l’auteur, la forme du dictionnaire s’est imposée d’elle même pour convaincre le plus grand nombre et surtout les profanes à qui l’ouvrage s’adresse essentiellement. Agrémenté d’illustrations piquantes signées Titom, le contenu s’affiche comme un savant mélange entre accroche critique et solide fond explicatif.

Par où commencer ? Certainement par les responsables, nos dirigeants, ces « Bisounours » de Bercy aux idées trop lisses. On trouve des concepts fumeux « développement durable », de doux rêves « altermondialisme », des paniques collectives dans l’air du temps « H1N1 », des coupables identifiés « Madoff ».

On peut creuser aussi en comparant les termes (si les « salaires » symbolisent la stagnation, les « salaires des grand patrons » sont plutôt eux d’ordre astronomique), surtout lorsqu’ils sont en vis-à-vis sur la page (la « qualité » serait une caractéristique perdue dont la « quantité » serait l’ennemie).

L’éthique est constamment questionnée, « morale », « illimité », tout comme les « indicateurs » qui sont parfois mal construits « part des jeunes au chômage » ou dont on devient prisonnier : « l’inflation » au Zimbabwe avait atteint, en 2008, plus de 11 millions pour cent, ce qui a nécessité des brouettes de billets pour se payer du pain !

On est heureux de voir que l’auteur est avec nous lorsqu’il évoque « l’école » comme un ancien ascenseur social, la gestion calamiteuse de « l’Education Nationale » et l’ineptie des « promo ZEP » qui sont une manière d’oublier le plus grand nombre.

Au final, à l’image de la « précarité », nombre des problèmes abordés ici étaient des exceptions qui tendent hélàs à devenir des règles, ce qui légitime sans nul doute l’existence de cet excellent exercice de vulgarisation, roboratif à souhait et déjà un succès notoire.