Parmi les différents volets ayant fait l’objet de relectures et de compléments de la part de Bernadette Merenne-Schoumaker (université de Liège) dans cette 5ème édition de ce classique de la didactique de la géographie, l’introduction a sans nul doute bénéficié d’une attention particulière pour attirer notre attention sur deux éléments désormais incontournables : la géographie n’a plus le monopole des savoirs sur l’espace, le public recevant cet enseignement est très hétérogène dans ses pratiques spatiales.

Fort de ces deux préceptes, l’auteure alterne, en quatre parties et douze chapitres, les approches générales et celles spécifiques à la discipline sur les compétences, objectifs, démarches à mettre en œuvre ou encore organisation de l’évaluation.

Les compétences générales devraient tourner autour de la connaissance de base de la Terre, du « savoir situer », de l’explication du fonctionnement d’un territoire, d’une préparation à l’action. La dimension citoyenne se doit d’être très présente.

Le raisonnement géographique doit, quant à lui, « contribuer à la formation intellectuelle des élèves mais également au développement de leur pensée logique ». Les temporalités constituent un élément clé de ce raisonnement tout comme les représentations qui permettent de ne pas exclure les élèves en difficulté qui, sans doute plus que d’autres, ont besoin que l’on s’accroche à leur vécu.

Le ton devient davantage engagé lorsqu’il est question de la cohérence des programmes scolaires, un combat que l’auteure mène depuis plus de 20 ans pour la prise en compte de concepts clés et de méthodes contemporaines certes mais également du développement psychologique des élèves, d’où la nécessité de tisser le lien entre le primaire et le secondaire. A ce titre, les programmes devraient comporter des lignes « écrites à l’encre » (orientations essentielles) mais aussi « au crayon » (que l’enseignant peut faire évoluer selon son contexte d’exercice). Autant de recommandations que l’on souhaiterait voir appliquées chez nous en France.

Le style rédactionnel se veut d’une grande clarté et les documents sont extrêmement abondants (plus de 100) et variés. Citons, entre autres, le document 36 évoquant quelques repères clés pour se faire une idée des ordres de grandeur (longueurs, surfaces), le document 67 issu d’un article d’Anne-Marie Gérin-Grataloup sur l’intérêt que peut avoir la géographie dans la négociation des conflits (exemples anglais et gallois) ou encore le document 83 sur les jeux de rôle développés par le LMG (laboratoire de méthodologie de la géographie – Liège).

Le chapitre 10 (« l’équipement didactique »), liste, quant à lui, ce qu’il serait souhaitable de trouver comme matériel (tableaux, cartes, manuels, atlas, appareils audiovisuels et multimédias, instruments divers) : source d’inspiration pour l’enseignement (primaire uniquement ?) en France ou vœu pieu ?

Un classique au succès non démenti donc, l’occasion de revoir ses bases ou de creuser par endroits et de prendre appui sur l’expérience belge tout en découvrant les éditions De Boeck.

Au titre de notre communauté, nous serons ravis de voir que les Clionautes apparaissent en bibliographie et que notre collègue Jacques Muniga y est cité comme le « pionnier du croquis en ligne ».