Neville Rowley
DONATELLO, la renaissance de la sculpture

Lors des rendez-vous de l’histoire de Blois en 2012, nous avions rencontré Myriam Degraeve qui dirige les éditions à propos qui se sont spécialisées dans la présentation d’artistes majeurs avec une collection de petits ouvrages destinés à initier un public très large à l’histoire de l’art.

La dernière parution dans cette collection qui a été présentée dans la Cliothèque par Guillaume Lévêque http://clio-cr.clionautes.org/lucas-cranach-peindre-la-grace.html est consacrée au sculpteur Donatello.

Acteur majeur de la renaissance florentine, Donatello a connu le parcours classique des artistes de son temps, travaillant à partir de 1404 dans un atelier avant de prendre son autonomie en 1408 en réalisant un David de marbre destiné à la décoration extérieure de la cathédrale de Florence.
Le texte de Neville Rowley Docteur en histoire de l’art et spécialiste de Donatello et particulièrement riche tout en restant très accessible. La partie qui est consacrée à la Refondation des pratiques artistiques apporte des informations très précises sur les techniques utilisées par Donatello qui retrouve le façonnage à partir de briques des sculpteurs de l’Antiquité. Très solidement implanté dans sa ville, recevant des commandes aussi bien publiques que privées, maîtrisant aussi bien le haut-relief que le bas-relief, Donatello apporte une démarche peut-être plus originale que celle de Michel-Ange en tant que sculpteur, à la fois par le choix des sujets que par les postures des personnages qu’il représente. On me permettra un coup de cœur particulier pour cette sculpture réalisée avec Nanni Di Bartolo, en 1421, le sacrifice d’Isaac. Le traitement du visage d’Abraham avec ce regard perdu et désemparé est sans doute celui qui donne cet épisode de l’histoire biblique la meilleure représentation.

Connu à Florence, Donatello quitte sa ville avec une « compagnie de sculpteurs » qui se déplacent vers sienne puis de Pise à Naples jusqu’à Padoue où il s’installe en 1443, à près de 60 ans.

Il réalise cette statue équestre plus grande que nature du condottiere Erasmo Da Narni. La posture virile du cavalier rappelle les bustes de généraux de l’Antiquité romaine tandis que le cheval qui tourne sa tête vers la gauche en levant son antérieur semble se diriger vers le spectateur.

C’est pourtant à Florence qu’il revient et il reste l’ami des Médicis et particulièrement de Cosme l’ancien. Il réalise pour les Médicis un nouveau David, androgyne sans doute qui dans le contexte de l’époque semblé suffisamment sulfureuse pour que les Médicis réservent cette statue aux pièces privées de leur palais.
Sculptant tous les matériaux, Donatello réalise entre 1453 et 1455 une statue de bois polychrome « plus grande que nature », puisque le personnage de Marie-Madeleine mesure 1,88 m, dont la position expressive se retrouve plusieurs siècles plus tard dans les sculptures de Giacometti.

Cette collection dont Guillaume Lévêque avait noté en son temps l’irréprochable iconographie conserve ses qualités que nous avions déjà relevées. Les repères chronologiques et les cours encadrés qui décrivent le contexte historique social et politique de l’époque apportent une plus-value à ces petits ouvrages qui doivent incontestablement figurer dans les centres de documentation des collèges et lycées au moment où l’histoire des arts occupe une place importante dans les programmes.

Et pour être très clair, si la consultation d’écrans peut favoriser l’approche des œuvres d’art, elle ne peux suffire face à une iconographie soignée accompagnant un texte riche et en même temps accessible comme celui de Neville Rowley.

Bruno Modica