Cette BD retrace l’histoire de l’égyptologie. Pour en arriver à la mise en place de cette science, les auteurs partent de la fin longue et douloureuse de l’empire égyptien et de l’oubli progressif de cette civilisation aux processus loufoques de redécouverte et de « hype » débouchants même sur le phénomène d’égyptomanie aux XIXe et XXe siècles.

C’est volontairement que le terme « loufoque » est utilisé. En effet, derrière un propos détaillé et précis, les auteurs ont choisi d’utiliser l’humour pour nous narrer cette longue histoire. Cet humour est présent dans les textes, mais aussi dans le style de la dessinatrice. Cela ne nuit en rien à la lecture, bien au contraire. Cela la rend agréable et distrayante, sans jamais ternir les informations mises en avant par Arnaud Pizzuti et Gabrielle Lavoir.

La BD est divisée en 7 chapitres chronologiques. Ils sont marqués notamment par les personnages les plus importants liés à cette science. Jean-François Champollion évidemment, déchiffreur des hiéroglyphes égyptiens grâce à la pierre de Rosette; Belzoni, l’aventurier-découvreur-pilleur vénitien; Auguste Mariette élevé au rang de pacha pour ses découvertes. Un chapitre est consacré à la retentissante découverte de la tombe de Toutânkhamon.

Mais au-delà de ces grands repères, nous suivons une galerie de personnages, plus ou moins habités de bonnes intentions, qui, au gré de trouvailles improbables, tentent d’interpréter les signes d’une civilisation que plus personne ne comprend d’abord, que tout le monde veut s’approprier ensuite.

Il est assez impressionnant de voir à quel point les XIXe et XXe siècles s’enflamment pour l’Égypte antique. De l’innovation de Champollion en passant par les expositions itinérantes à travers l’Europe, le vieux continent s’arrache le contenu des pillages de tombes et de pyramides. Dans les musées, dans les collections privées, dans l’espace public, l’Égypte est partout. elle est un marqueur social et intellectuel. Le point d’orgue étant le retentissement de la découverte d’Howard Carter et la médiatisation de la malédiction du pharaon dérangé dans son sommeil éternel.

L’ouvrage est parsemé de cartes et de frises chronologiques et un petit dossier final permet de récapituler les grandes avancées de l’égyptologie.

Derrière son côté humoristique, l’ouvrage est richement documenté et permet de retracer le fil de l’égyptologie de manière très pertinente. On suit avec plaisir les destins contrariés de ceux et celles qui ont contribué à la redécouverte (et le sauvetage) d’une civilisation pluri-millénaire dont beaucoup des aspects sont présents encore dans notre quotidien. A conseiller au plus grand nombre.