Si les jours raccourcissent en automne, période de sortie de l’ouvrage de Colette Gouvion, doit-on pour autant passer plus de temps au lit ? On pourrait y être tenté pour se délecter des descriptions et illustrations compilées dans cet « Eloge du lit » qui rend hommage au temps passé horizontalement d’individus ayant tout mis en œuvre, lors de leur temps vertical, pour parfaire l’outil nécessaire à leur repos.

Après une partie introductive passant en revue la géographie des situations (natte, futon, hamac, tapis ou encore lit de clous…) mais également l’histoire de l’objet (un simple trou recouvert d’herbage du temps de Lucy, l’arrivée des peaux d’animaux recueillies lors des chasses, l’invention du tissage puis du mobilier ayant permis quantité de variantes et d’améliorations telles les baldaquins ou les lits superposés), l’auteur divise ensuite son propos en 6 grandes thématiques.

La première d’entre elle, « Lits de l’Innocence » cadre surtout sur le temps de l’enfance, les naissances, les siestes, les moments de complicité mère(s)/enfants(s) et même le cas particulier du Petit Chaperon Rouge où le loup avait subtilisé la place de la mère-grand.

Dans un second temps, les « Lits Nomades » offrent des vues de l’univers militaire (tentes, « sarcophages » des sous-marins) mais également de lits déplacés plus régulièrement (populations itinérantes ou encore palanquins).

Parfois en lien avec la seconde partie, la troisième s’arrête sur les « Lits de Fortune et d’Infortune » : réfugiés cherchant un peu de quiétude dans les moyens de transports, militaires dans leurs tranchées, ouvriers sur leurs chantiers.

Le quatrième temps propose une entrée sur les « Lits du paraître » : marabout mouride dispensant son enseignement, John Lennon et Yoko Ono prêchant pour les lits de la paix, nombreuses gravures de chambres à coucher royales ou impériales et même carrément une mise en scène du sommeil via la publicité ou l’art avec cette performance où Tilda Swinton s’était engagée à dormir six heures dans une cage de verre sous les yeux des visiteurs.

La cinquième partie traitant des « Lits de la Destinée » expose diverses scènes de décès (Gengis Khan, Léonard de Vinci) ou de situations de blessures et de handicap (Frida Kahlo, Jo Bousquet, Rimbaud) et même une représentation du XIVème siècle de la « césarienne ».

Enfin, le sixième volet se referme sur les « Lits de la Sensualité » avec diverses vues relatives à l’érotisme, au bondage, à la prostitution avec même une terre cuite représentant la situation en Mésopotamie vers 1900 avant JC.

Richement documenté (peintures, gravures, sculptures) et très agréablement présenté, ce beau livre offre un voyage instructif dans l’univers de cet objet essentiel du genre humain.