L’auteur est docteur en sciences de l’éducation de l’Institut catholique de paris. Ce texte rend compte d’une recherche réalisée en 2014-2015 dans plusieurs écoles du département du Centre en Haïti et décrit les difficultés du système scolaire et les tentatives des acteurs pour tenter d’assurer une meilleure éducation prenant en compte la personne le l’élève dans sa globalité.

Dans l’introduction, l’auteur dresse un rapide tableau de l’état de l’école1. Son étude porte essentiellement sur la questions: Al a fin de la scolarité obligatoire l’élève bénéficie-t-il des conditions nécessaires au développement de son capital humain ?

Méthode et travail de recherche sur le terrain

Dans cette première partie l’auteur présente la problématique générale de sa recherche : un contexte difficile en Haïti, des défis éducatifs importants (pauvreté, reproduction des inégalités sociales, problèmes d’infrastructure, manque de qualification des enseignants). L’objet de l’étude porte sur la place, les buts et les effets de la politique scolaire de l’Église catholique dans le département du centre : l’intérêt pour l’enfant haïtien, son éducation, le devenir de son être dans la société.

Il présente le cadre théorique de référence et la méthodologie de l’enquête : une approche empirique de recherche de terrain pour comprendre le fonctionnement des écoles à mettre en regard des concepts théoriques pour promouvoir un environnement scolaire propre à favoriser le développement de la personne de l’élève et du capital humain en fin de scolarité obligatoire. L’auteur détaille ses référents théoriques et la technique de recueil des données, la population retenue pour l’étude en 2014-2015 dans des établissement scolaires publiques et privés confessionnels ou non.

Analyse des entretiens : pour une meilleure prise en compte du capital humain des élèves.

L’état des lieux est pessimiste : les besoins fondamentaux ne sont pas toujours satisfaits notamment en situation de catastrophes naturelles, fréquentes en Haïti2. L’auteur a interrogé des enseignants, des directeurs d’école et des cadres du ministère sur leur conception de l’école, les difficultés rencontrées dans l’exercice de leur métier (manque de matériel pédagogique, manque de considération, d’esprit d’équipe, politisation de la question scolaire). Ils déplorent le phénomène très marqué de la corruption, les passe-droit qui gangrènent tous les domaines en Haïti.

Les moyens mis en œuvre pour améliorer la situation sont souvent des initiatives personnelles pour rencontrer les parents et motiver les élèves. Les enseignants souhaitent une meilleure formation, demandent une formation continue ( psychologie, didactique, nouvelles technologies) organisée en dehors de la capitale et un travail collaboratif ainsi qu’une aide et un contrôle pour les écoles privées. Globalement ils regrettent que la politique éducative soit peu mise en œuvre et souvent déphasée par rapport aux vrais problèmes du pays. Ils sont pessimistes sur l’avenir d’une école à plusieurs vitesses.

L’auteur liste les solutions proposées par les enquêtés : amélioration des infrastructures, ne pas négliger l’alimentation des élèves, recruter des enseignants et des directeurs compétents, augmenter le budget de l’éducation, mieux rémunérer les enseignants pour qu’ils puissent se consacrer à leur mission sans devoir cumuler avec une autre activité rémunératrice.

Le cinquième chapitre est consacré au projet spécifique de l’Église catholique pour la classe de 9e (fin de l’école fondamentale), des élèves de 12 à 15 ans. Ce projet est très orienté vers le religieux.
L’auteur aborde très rapidement un p pourtant fondamental l’usage du français comme langue d’enseignement pour des élèves, des maîtres dont la langue première est le créole, marqueur de l’identité haïtienne et la question de l’uniforme des élèves obligatoire dans la plupart des écoles mais qui change de couleur entre la classe de 9e et l’enseignement secondaire. L’uniforme imposé comme symbole d’égalité devient ainsi discriminatoire.

Sont ensuite déclinés : la motivation des élèves grâce aux bourses et autres gratifications financières pour donner le goût de l’effort, l’orientation forcée vers les sciences souvent mal vécue sans tenir dompte des compétences des élèves, les préjugés envers les élèves issus des classes défavorisées scolarisés dans le public.

L’Église développe un projet prenant en compte les difficultés d’équipement des écoles (bibliothèque, informatique, manuels scolaires), la formation des enseignants, l’augmentation et la régularité du paiement des salaires, les cantines sans oublier la formation spirituelle, la prévention de la délinquance et l’implication es parents.

Le chapitre se clôt sur une réflexion : Comment construire un seul type de citoyen avec des écoles différentes ?

Discussion des résultats et perspectives d’avenir pour une réelle formation continue des enseignants

Après des considérations assez générales René Saurel Édouard oriente la réflexion sur la formation des enseignants en établissement catholique : Enseigner, Éduquer, Évangéliser.

Le regard sur le projet éducatif catholique porte sur les besoins exprimés par les enquêtés : manque de formation initiale, double activité3. L‘auteur montre la corrélation entre le faible niveau des enseignants et la faiblesse des résultats des élèves.

Cette courte troisième partie se termine sur la description rapide des tentatives de formation continue.

 

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1Sur ce me thème voir l’ouvrage de Gérald Fallon, André Elias Mazawi : Au-delà d’une école à deux vitesses, L’Harmattan, 2015

2L’échantillon retenu comporte quelques écoles de Port-au-Prince

3En effet beaucoup d’enseignant du privé avec des salaires très faibles sont obligés soit d’occuper deux postes (un le matin, l’autre l’après-midi) ou d’avoir une autre activité (commerciale souvent).