Travail collectif ayant mobilisé une cinquantaine d’auteurs, principalement des géographes de l’Est français sous l’impulsion de l’ubiquiste Gabriel Wackermann (Sorbonne), cet imposant dictionnaire se propose de faire le tour des questions environnementales au travers du concept d’écosociété. La très (trop ?) brève introduction nous laisse entendre qu’il s’agit là du projet de société, du « tout non négociable » qui fera que notre développement futur pourra être durable.
Cette vision des choses, éminemment transversale, convoque naturellement des éclairages disciplinaires variés dont on se demande s’ils ne deviennent pas trop nombreux à l’image des 8 angles d’attaque (histoire, acteurs, économie, gestion, droit, écologie, patrimoine, santé et sécurité publique) et des 2000 mots référencés dont se targue l’ouvrage sur sa couverture. Signe des temps plus inquiétant que rassurant, on en trouve déjà 30 construits sur la base du préfixe « éco », ces « écotermes » et 8 issus du préfixe « bio ».
La structure de chaque entrée est classique, éléments essentiels en caractères gras suivis d’un développement restant synthétique ainsi que d’une ou deux références bibliographiques pour aller plus loin. Pour le reste, pas la moindre fioriture si ce n’est l’apport iconographique bienvenu de Simon Edelblutte (Nancy) sur les questions industrielles et, dans une moindre mesure, celui de Michel Deshaies (Nancy).
La nécessité de prendre plusieurs entrées pour un concept peut l’éclairer (en deux temps par exemple « campagne (définition) » et « campagne (origine et évolution) ») mais également le compliquer : pour le « développement durable », on voit se succéder les « fondements », les « concepts et principes », les « freins » puis un exemple, le « développement durable dans les pays secs » (pourquoi dans ces pays-là précisément ?).
Certaines entrées apparaissent donc parachutées « aménagement durable des marges côtières » comme seul exemple d’aménagement (pourquoi pas d’autres ?), « entrée de village » (pourquoi pas celles des villes largement plus débattues ?), « agriculture dans les ex-pays de l’Est » (pourquoi ceux-là et pourquoi ceux-là seulement ?). Certains placent leur chapelle avec la « géographie de la population » (Gérard-François Dumont) comme seule branche de la géographie sans parler des exemples hyper précis d’éléments patrimoniaux à sauvegarder « galion », « yole »…
Parlant d’environnement, certaines entrées encore nous interpellent comme pour la santé, « alcoolisme », « tabagisme », ou d’autres enfin sur des considérations plus philosophiques « connivence », « considération », « préjugé ».
Quelques auteurs sont également présentés (l’inévitable « Malthus » mais aussi « Buffon », « Linné », « Gandhi », « Pasteur », « Kant », « Bloch », « Monod », « Césaire », « Reclus », « Rousseau », « Sauvy », « Vidal de la Blache »…il y a même le président « Obama » !) et quelques approches bien analysées (les différents types « d’habitat », de « migration », de « mobilité », de « pollution »…).
Mais si la plupart des entrées sont justes et compréhensibles isolément (ça reste un dictionnaire !), c’est plutôt l’impression d’une pseudo exhaustivité étirée de toute part qui ressort de la lecture globale de cet ouvrage qu’une vision éclairante de cette vaste problématique.