Jeudi 11 mars prochain sera le dixième anniversaire de l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. Cet évènement continue de résonner, dans la société japonaise tout d’abord, mais bien au-delà. Ce retentissement a gagné la France, et la Bretagne natale de Bertrand Galic, dont nous avons déjà chroniqué le travail, et qui signe aux éditions Glénat, avec le dessinateur espagnol Roger Vidal, la bande dessinée revenant sur le déroulé de l’accident. 

Au plus près de la catastrophe

Les deux auteurs nous plongent dès les premières planches dans la catastrophe. Quelques mois après les évènements de mars 2011, l’ancien directeur de la centrale nucléaire, Masao Yoshida, est appelé à témoigner devant la commission d’enquête. Celle-ci est mandatée à proximité de la centrale, pour statuer sur le déroulé et les responsabilités des évènements. C’est à travers son regard et son récit des évènements que nous prendrons conscience de l’immense défi technique, matériel et psychologique qu’ont dû affronter Yoshida et l’ensemble des femmes et des hommes sous sa direction.

Frappée conjointement par une panne électrique générale, à la suite du tremblement de terre de magnitude 9.1, et d’un tsunami de 14m qui inonde les réacteurs, la centrale de Fukushima Daiichi devient rapidement une bombe à retardement. Dès lors, et pendant près de 4 jours, les employés n’auront de cesse de déployer des trésors d’ingéniosité et de dévouement pour tenter de stopper les explosions des réacteurs, luttant contre un ennemi invisible qui ne cesse de gagner du terrain, de manière inexorable. 

Masao Yoshida oeuvra au mieux, prenant dans le feu de l’action toute la dimension de sa mission de directeur. Soumis aux consignes hors-sol de la Tepco, gestionnaire de la centrale, et à la visite impromptue du premier ministre Naoto Kan, les deux auteurs nous dépeignent le portrait d’un homme qui tentera jusqu’au bout de raisonner à partir du réel et de préserver son personnel.  Même si cela doit le mener à désobéir aux ordres et à opter pour des méthodes peu conventionnelles (pompage de l’eau de mer à injecter dans les cuves). 

Mission impossible à mener. Malgré tout, la situation l’amènera à demander le sacrifice de plusieurs employés qui, conscients des risques, accepteront d’accomplir leur devoir. Malgré 3 fusions de coeur une catastrophe pire que Tchernobyl fut évitée. 

Une catastrophe qui résonne encore

L’accident est aujourd’hui loin. Une décennie est passée. La centrale est sous contrôle, et est désormais l’objet de vastes plans de démantèlement et de traitement des déchets radioactifs sur place, notamment pour les immenses quantités d’eau irradiées déversées. Pourtant le Japon continue de vivre avec les conséquences de ce 11 mars 2011. Et pour longtemps. Masao Yoshida fut appelé à témoigner et continua jusqu’au bout à le faire. Il décèdera d’un cancer en 2013.  

La bande dessinée de Bernard Galic et Roger Vidal est un objet militant. Au travers du récit de l’incident de Fukushima se pose la question de la politique énergétique à mener au Japon, et par extension, ici en France. Un dossier technique d’une dizaine de pages revient en fin de volume sur le déroulé de l’incident, sur les détails techniques et sur les risques posés par l’emploi de l’énergie atomique. Une oeuvre plaisante, qui revient avec précision sur le déroulé des évènements et pose le débat. 

 

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