Le second volume de cette série qui en compte trois, est parvenu à la Cliothèque à la suite d’une mise en relation avec cet éditeur. Nous avions alors pris contact lors de notre présentation de la bande dessinée historique publiée à partir de l’ouvrage de Jean-Yves le Naour : la légende noire des soldats du midi.
http://clio-cr.clionautes.org/la-faute-au-midi.html#.U4nZ8Si8BZI

L’action de cette histoire se situe dans les années 30, et plus précisément à la veille de la guerre civile espagnole, dans laquelle l’héroïne, Diane Hunter, une jeune journaliste canadienne, se retrouve engagée.

Le contexte de cette histoire est celui du début de la mise en place du régime national-socialiste, entre 1933 et 1936, avec notamment les premiers camps de concentration, qui sont l’objet d’une soigneuse description, et la constitution de l’ordre SS, comme société secrète multipliant des expériences spirites, pour les besoins de l’histoire.
On peut apprécier le somptueux dessin, très documenté de TieKo, et la densité du scénario de Patrice Ordas et de Patrick Cothias.
Le lecteur se retrouve au contact du général Franco, lorsqu’il hésite avant de s’engager dans la tentative de coup d’état, en juillet 1936. Diane Hunter se retrouve du côté des républicains, ici aussi représenté avec toutes leurs contradictions, et aussi la violence à l’encontre des membres du clergé, ce qui a très largement desservi leur cause. L’histoire oscille en permanence entre eux le réalisme historique et le fantastique à partir des « supers pouvoirs » de ces chevaliers spirites aux ordres du Reichsfuhrer Himmler.

Il est pas question ici de déflorer le scénario de la bande dessinée et de souligner des approximations historiques. D’ailleurs, sur le fond, il n’y en a pas ici et c’est une bonne chose.

L’utilisation de l’histoire comme trame pour les scénarios en bandes dessinées n’est évidemment pas une nouveauté. Elle participe par contre d’une démarche qui nous paraît intéressante. C’est d’ailleurs la raison de cette rubrique, et de cette recension.

À partir d’une œuvre de fiction, si elle est suffisamment documentée dans le domaine historique, et c’est le cas de cette série, il est tout à fait possible de s’intéresser aux publications « plus sérieuses », c’est-à-dire d’accéder à la recherche historique. Et pour l’histoire des années trente et la montée des fascismes; il n’en manque pas.

Les réalisateurs de cette bande dessinée n’en sont d’ailleurs pas à leur coup d’essai dans ce domaine. Le soin qui est mis à donner des références dans le domaine de la contextualisation tout comme dans un dessin précis en matière de décor, d’objets, et notamment les uniformes, participe d’une bonne « vulgarisation ». À propos de vulgarisation, la racine péjorative de ce mot, rend son usage parfois difficile.

Ce qui est sûr en tout cas, c’est que la série de bandes dessinées « historiques » de cet éditeur, participe incontestablement de la promotion de l’histoire. Notre discipline est très largement appropriée comme produit éditorial, parfois pour de très mauvaises raisons. Mais dans ce cas d’espèce, c’est tout à fait le contraire. On ne peut que conseiller aux amateurs de bandes dessinées de suivre cette série qui apporte à la fois des références précises sur le contexte, et un bon moment de dépaysement.

Bruno Modica