Qu’il soit rouge, blanc, rosé, jaune ou mousseux, l’historien Eric GlatreÉric Glatre est historien et écrivain champenois. Auteur de plus d’une cinquantaine d’ouvrages dans le domaine du vin et de la gastronomie. Il siège à l’Académie Française du Chocolat et de la Confiserie depuis mai 2008, et est membre du réseau international de la chaire UNESCO « Vin et Culture ». fait ici du vin un véritable objet historique. Si l’entrée est chronologique au travers de 33 dates sélectionnées par l’auteur, les dimensions techniques, sociales, économiques et politiques du vin sont au cœur de cet ouvrage riche, complet et pédagogique. Les chapitres regorgent de détails et d’anecdotes passionnantes permettant de mieux comprendre et de savourer ce breuvage qui a profondément marqué notre histoire, notre société, notre économie ou encore nos paysages.

Voici quelques unes des thématiques abordées au fur et à mesure de la lecture de cet ouvrage :

  • l’objet « vin » : ses fonctions nourricière, liturgique, sociale, économique ou politique.
  • les techniques : l’invention (ou pas) du tonneau par les Gaulois, du bouchon en liège dans la première moitié du XVIIe siècle, de la capsule métallique et du muselet en 1844, la chaptalisation, la découverte des fermentations impliquées dans la fabrication du vin ou l’invention de la bouillie bordelaise en 1885.
  • la législation : les lois romaines et Burgondes, le « privilège des vins de Bordeaux » en 1214, l’ordonnance de Philippe II le Hardi contre le « vil gamay » en 1395 ou la naissance des AOC en 1935.
  • les lieux : le vignoble du Jura, du Bordelais, de Champagne ou de Bourgogne et plus spécifiquement le Clos et le château de Vougeot (1110-1336 puis 1551) ou la Romanée-Conti.
  • les acteurs : les peuples de l’Antiquité, le clergé séculier et régulier au Moyen-Age, Dom Pierre Pérignon, Jean-Antoine Chaptal ou Louis Pasteur.
  • les crises : celle du phylloxéra (1863-1900) qui redessine la carte de la viticulture française ou celle du mildiou, la révolte des gueux du midi viticole en 1907 et celle des vignerons de Champagne en 1911.

De la vente du vin autour de la Méditerranée par les peuples de l’Antiquité à la vente du Beaujolais nouveau au quatre coins de la planète en passant par les crises du phylloxera dont l’apparition provient notamment des essais d’acclimatation et de greffage de vignes américaines réalisés en 1860 par des propriétaires de la région du Bas-Rhône, l’ouvrage permet de saisir les dynamiques historiques et géographiques d’un produit qui s’inscrit dans son temps ainsi que dans des espaces de plus en plus mondialisés.

L’utilisation et l’encadrement politiques du vin sont particulièrement intéressants à découvrir depuis l’édit de Domitien en 92 jusqu’au décret-loi du 30 juillet 1935. Cet interventionnisme étatique a eu des objectifs divers : protectionnisme économique, renforcement du pouvoir en place en favorisant des producteurs qui sont des soutiens politiques, gestion des conflits d’usage, protection de la santé du consommateur, renforcement de la qualité, … L’implication de Napoléon III est particulièrement révélatrice. C’est lui qui demande le fameux classement des grands crus de Bordeaux dans le cadre de l’Exposition universelle des produits de l’agriculture, de l’industrie et des beaux-arts de Paris en 1855 afin de présenter au monde les vins les plus exceptionnels du patrimoine français. C’est lui aussi, qui en 1863, confie à Louis Pasteur une étude sur les altérations trop fréquentes qui affectent la conservation et le transport du vin ce qui donnera naissance à la pasteurisation dont l’application se fera pour les produits laitiers, la bière ou encore les jus de fruits.

Bien documenté et très riche, cet ouvrage donnera une saveur toute particulière à vos prochaines dégustations … à consommer sans modération !

 

Pour les Clionautes, Armand BRUTHIAUX