François-Guillaume Lorrain, journaliste au Point, responsable de la rubrique histoire, est l’auteur de nombreux ouvrages d’histoire, de romans… Il publie en cette rentrée un livre sur les Justes de France, sujet qui mérite toute l’attention des enseignants comme des élèves.

L’ouvrage présente une quinzaine de parcours de Justes et de celles et ceux qu’ils ont contribué à sauver. Afin de mener ce travail, l’auteur s’est appuyé sur le Comité français pour Yad Vashem. Pour développer chacune de ces histoires de vie, l’auteur entremêle les témoignages recueillis (de la part de Justes comme de ceux de personnes sauvées), ses propres recherches pour retrouver les survivants ou des descendants des uns et des autres ainsi que celles effectuées par les acteurs eux-mêmes, leurs enfants ou petits-enfants. La démarche est intéressante et fonctionne très bien pour certains chapitres donnant lieu à des passages émouvants (ainsi celui sur Jean-Pierre Foucault) et riches d’enseignements (tels ceux sur Aulus-les-bains ou sur le consul espagnol à Paris) que les professeurs pourront tout à fait utiliser. Parfois, cependant le charme a du mal à opérer.

Dans les sept chapitres de l’ouvrage, en plus des différentes histoires de vie, F.-G. Lorrain intercale des données historiques plus générales brèves mais utiles (« Et l’on reconnut enfin les Justes », « Justes de France », « Le Juste inconnu »). Et il s’interroge. Il a le sentiment que ceux reconnus Justes, devraient être plus nombreux, d’autant plus qu’ils ou elles ne sont la plupart du temps que le maillon d’une longue chaîne. Ainsi les enfants Frydman sont amenés à la gare de Lyon par une voisine. Arrivés dans le Morvan, ils sont recueillis une nuit par des policiers peu regardants quant à leur identité puis hébergés de longs mois chez Pierrette (qui accueillait déjà une enfant juive) avant que deux d’entre eux aillent, un temps, dans un hameau voisin (« La grand-mère et sa petite fille », p. 285-299).

Il affirme que les Justes sont issus de milieux sociaux différents et entend montrer les motivations de ceux qui ont eu le courage de protéger des enfants ou des familles : « il fallait bien les aider », la défense d’hommes et de femmes dans le malheur… Enfin, il s’intéresse aux liens préexistants entre les Justes et les personnes sauvées. Étaient-ils voisins, employés, employeurs ? Venaient-ils avant la guerre à la campagne chez ceux qui allaient les protéger ? Parfois, il n’y avait pas de liens auparavant et c’est la position institutionnelle (consul…) des uns ou la localisation du village d’autres (près de la frontière espagnole) qui les a amenés à agir pour sauver des femmes et des hommes. Enfin, des histoires d’amour ont quelquefois joué un rôle décisif donnant lieu à de belles rencontres.

Un livre de témoignages accompagnés d’une carte des Justes en France (hélas non commentée) qui pourra être utilisé par les enseignants.