Ancien journaliste au monde, Paul Balta a publié récemment un ouvrage consacré à l’islam dans la collection Idées reçues chez l’éditeur le cavalier bleu. Ce livre a été l’objet d’une critique sur le site des Clionautes C’est à cette occasion que l’auteur nous a transmis cet ouvrage co-écrit avec Claudine Rulleau.

Disons-le clairement, lorsque l’on est en contact avec des populations susceptibles d’être concernées par le message fondamentaliste de l’islam, ce livre est particulièrement précieux et utile. Il devrait sans aucun doute se trouver dans la plupart des centres de documentation des collèges et des lycées. Peu de collégiens pourraient le lire, mais leurs professeurs seraient sans doute moins désarmés face à des affirmations péremptoires d’élèves subissant ce type d’influence.
L’ouvrage est clairement destiné à un public très large car il apporte avec un langage très accessible des précisions sur l’histoire de l’islam et sa diffusion, mais aussi des réponses à des questions que l’on peut se poser sur différents sujets comme le Jihad, le rapport à l’image est bien entendu la place des femmes dans la société musulmane.

En effet, ce que les auteurs mettent en avant c’est cette lecture souvent sommaire du texte coranique reprise comme une série de principes intangibles par les imams de banlieue.
Pour la place des femmes, le livre sacré dispense des préceptes parfois contradictoires. On pense bien entendu à la polygamie, mais celle-ci n’est pas un élément central du message coranique, loin s’en faut.
En fait, on retrouve les mêmes défauts de cohérence dans l’Ancien Testament, – et donc les interprétations les plus diverses- même si les points communs sont quand même l’affirmation de la prééminence de l’homme sur la femme. Les deux auteurs citent l’ethnologue Germaine Tillion, qui affirmait que dans l’islam comme en chrétienté, la femme a été régulièrement spoliée du point de vue de l’héritage, la malgré la révolution française, ici malgré le Coran.

Le voile, appropriation du corps des femmes

Pour ce qui relève du voile et l’on sait l’importance qu’il peut prendre dans l’espace public de pays qui ont pourtant connu des des expériences laïques. Ce voile correspond à une volonté de présence d’un islam politique intervenant dans le domaine des mœurs, une forme d’appropriation des corps et des comportements des femmes. En fait dans la sourate 33 verser 59, la référence est plutôt ambiguë. Le prophète dit : «à tes épouses, à tes filles, et aux femmes des croyants de se couvrir de leurs voiles : c’est pour elle le meilleur moyen de se faire connaître et de ne pas être offensées.»
Dès le début ce texte a été l’objet de nombreuses discussions théologiques. La question qui est posée est de savoir quelle est la partie du corps qui doit être couverte la poitrine ou les cheveux, on est loin on le voit bien de ses voiles intégraux ils s’appellent Nikwam ou Burka ou Melaya, ce voile noir qui couvre le corps entièrement et laisse voir seulement les yeux.
Les deux auteurs ne prennent bien entendu pas parti dans ce débat me font toutefois remarquer que les femmes dans les pays musulmans qu’elles soient voilées ou non renforce leur présence dans le monde du travail comme dans les structures d’enseignement. Les femmes qui le portent dans la plupart des cas volontairement, veulent ainsi résister à la pression sociale et, elles le présentent ainsi, à la concupiscence des hommes. Elles achètent ainsi leur tranquillité.

Parmi les points particulièrement intéressants développés dans cet ouvrage, on trouvera aussi un développement assez révélateur sur le développement du fondamentalisme à l’ombre de la puissance américaine pendant la période de lutte contre les soviétiques en Afghanistan. On trouvera également de nombreuses précisions sur le développement des frères musulmans, cette confrérie fondée en 1926 par un instituteur, Hassan Al Banna qui a été le creuset idéologique du fondamentalisme. On sait par exemple que ce mouvement a ensuite largement influencé les islamistes syriens, violemment réprimés en 1982, mais aussi les jordaniens, dont certains se sont retrouvés dans l’entourage d’Oussama ben Laden.
Les israéliens ont également favorisé la branche palestinienne des frères musulmans, plus connue sous le nom de Hamas, entre 1970 et 1980. C’était évidement un moyen d’affaiblir l’OLP et de marginaliser Yasser Arafat. On sait depuis, quelles ont été les conséquences, pour les États-Unis comme pour l’État hébreu de cette politique. De la même façon, l’intervention en Irak a été une formidable occasion pour les fondamentalistes de s’implanter dans ce pays.

Cet ouvrage ne prétend pas faire le tour de la question. On sait bien que ce n’est pas évident en moins de 200 pages. Mais il fournit de façon accessible une synthèse dont pourraient s’inspirer bien des «spécialistes» qui se répandent, lorsque l’actualité s’y prête sur les plateaux de télévision.
Cela contribuera sans doute, comme l’espèrent les deux auteurs, à ce que cesse cet amalgame entre islam et islamisme. Le chemin vers la compréhension mutuelle, vers la fin de cette appropriation de l’espace public par la religion dans les pays de culture musulmane n’est certes pas pavé de roses. Puisse ce petit livre y contribuer.

Bien entendu pour les lecteurs qui souhaiteraient aller plus loin, on ne saurait trop conseiller cet ouvrage de Gilles Kepel, Terreur et martyre, relever le défi de civilisation (Éditions Flammarion, champs actuel. janvier 2009. 360 pages).

Bruno Modica © Clionautes