Voici le deuxième opus de la série La Couronne de France, une fresque historique ambitieuse consacrée à la royauté et à la construction de l’édifice monarchique entre 1165 et 1774. Afin d’embrasser toute la complexité de cette vaste période, les Éditions Delcourt ont choisi de scinder l’œuvre en cinq tomes, chacun explorant deux règnes marquants de l’histoire du royaume de France. Après un premier volume consacré à Philippe II Auguste et Philippe IV le Bel, ce second volet s’attarde sur les règnes de Charles VII et Charles VIII.

L’ouvrage, comme le précédent, séduit par sa qualité, tant sur le fond que sur la forme. La couverture, signée Hugo Pinson, est particulièrement travaillée. Avec près de 110 pages, accompagnées d’un dossier historique concis mais enrichissant, ce volume offre un contenu dense et passionnant. Le scénario de Jean-Pierre Pécau (L’Histoire secrète et Jour J), une nouvelle fois intelligemment conçu, parvient à captiver sans jamais perdre en clarté, malgré la rapidité de la succession des événements. Les dessins de Marco Pizzi (partie 1) et Roberto Viacava (partie 2), sont classiques mais accompagnent la narration avec justesse, grâce à des traits réalistes pour le premier et expressifs pour le second.

L’intérêt principal de ce volume réside dans sa capacité à dépasser la simple énumération d’événements ou d’anecdotes historiques. Le récit met en exergue la lutte âpre pour le pouvoir et la complexité des enjeux politiques de l’époque pour ainsi analyser la longue et difficile affirmation de l’autorité royale. Charles VII et Charles VIII en deviennent presque des personnages secondaires tant les autres protagonistes sont nombreux.

A nouveau, un personnage mystérieux, tout de noir vêtu, semble accompagner, voire hanter, le destin des rois de France.

Partie 1 –

Loin d’être cantonnée à une figure héroïque figée, Jeanne d’Arc apparaît comme un rouage essentiel de la stratégie politique du royaume, servant à galvaniser les troupes et à renforcer la légitimité de Charles VII. Son rôle dépasse ainsi le simple mythe pour s’inscrire dans une dynamique de pouvoir et de reconquête.

Parallèlement, la place des Bourguignons sur l’échiquier politique européen est restituée avec finesse, notamment à travers leur alliance stratégique avec les Anglais. Cette configuration, qui semblait sceller durablement le sort du royaume, bascule avec la signature du traité d’Arras (1435), un tournant décisif qui redéfinit les rapports de force et ouvre la voie à l’unification du royaume sous l’autorité de Charles VII.

Dans cette entreprise de consolidation du pouvoir, la liquidation des bandes d’écorcheurs constitue une étape clé. Ces mercenaires, issus des troupes démobilisées après les campagnes militaires, sèment la terreur à travers le royaume en vivant de pillages et d’exactions. Charles VII, conscient du danger qu’ils représentent pour la stabilité du royaume et la restauration de l’autorité royale, entreprend une répression méthodique. S’appuyant sur des capitaines loyaux, il organise des campagnes militaires ciblées pour les neutraliser. Cette pacification passe aussi par une politique de réintégration. Ainsi, en éliminant ces bandes incontrôlées et en instaurant une force militaire plus disciplinée, Charles VII affirme son pouvoir et prépare le terrain pour la consolidation définitive du royaume.

Partie 2 –

Dans ce second volet, on retrouve également Anne de Beaujeu, femme de pouvoir et régente du royaume de France au nom de son jeune frère, Charles VIII. Femme politique avisée, elle doit faire face aux ambitions de Louis II d’Orléans, futur Louis XII, dont les intrigues et complots rythment la vie politique du royaume. Ce dernier joue un rôle central dans la Guerre Folle (1485-1488), conflit opposant une coalition de grands seigneurs féodaux à l’autorité royale incarnée par Anne de Beaujeu. Menée parallèlement à la guerre de Bretagne, cette rébellion s’achève avec le traité du Verger, qui amorce l’union de la Bretagne à la France. Capturé à l’issue du conflit, Louis II d’Orléans recouvre finalement sa liberté et se voit chargé par Charles VIII d’escorter Anne de Bretagne jusqu’à Langeais, où leur mariage sera officialisé, scellant ainsi l’alliance tant convoitée entre la France et la Bretagne. Peu après, il accompagne le roi en Italie, partagé entre fascination et ambition pour ce mirage de conquête.

À la mort prématurée de Charles VIII en 1498, Louis II d’Orléans accède enfin au trône sous le nom de Louis XII. Pour assurer la pérennité de l’union entre la Bretagne et la France, il épouse Anne de Bretagne, devenant ainsi l’héritier politique de son prédécesseur. Poursuivant à son tour le rêve italien, il s’engage dans de nouvelles campagnes qui marqueront son règne. Pourtant, comme Charles VIII avant lui, il ne laisse pas d’héritier mâle. C’est alors que le jeune François d’Angoulême, futur François Ier, est appelé à monter sur le trône … La suite dans le prochain album !

 

En définitive, ce deuxième volume de La Couronne de France s’impose comme une lecture captivante, alliant rigueur historique et mise en scène rythmée et cohérente. Grâce à une écriture maîtrisée et un dessin expressif, il séduira aussi bien les passionnés d’histoire que les amateurs de bande dessinée historique. Une réussite incontestable qui donne envie de poursuivre l’aventure à travers les trois tomes suivants !

 

Le lien vers le site de l’éditeur : https://www.editions-delcourt.fr/bd/series/serie-la-couronne-de-france/album-la-couronne-de-france-t02