Inspiré par les violentes émeutes de 2005, cet ouvrage rappelle, au travers de la question des liens entre éducation prioritaire et rénovation urbaine, que l’Ecole demeure un enjeu politique hélas mal investi.

La sémantique pose déjà un problème de base (Maurice Blanc) : la politique de la ville reste une politique de quartier, et même de quartier défavorisé dans la philosophie du gouvernement. Du DSQ (Développement social des quartiers) aux CUCS (contrats urbains de cohésion sociale) en passant par le DSU (développement social et urbain), les échelles varient mais tout le monde prône une démocratie participative peu affirmée dans les pratiques.

En fait, l’Education Nationale se décharge des ces questions au profit du ministère de la ville. Nadine Bouzarou dresse un état des lieux des ZEP (Zones d’Education Prioritaire) à Perpignan. La stratégie qui consiste à choisir la bonne école maternelle qui mènera au bon collège, puis au bon lycée est réelle et entraine fuite vers le privé et augmentation des demandes de dérogations. Une solution liée à la suppression de la carte scolaire serait de créer des pôles d’excellence avec intégration des écoles en ZEP. Jean-Louis Olive va plus loin dans la critique en se focalisant sur le cas des gitans. Rappelant les carences de la formation et la rigidité dans l’affectation des néotitulaires, il conclut que l’école est finalement « indifférente aux différences » alors que les élèves gitans sont beaucoup plus intégrés dans les classes que les statistiques et le mythe de la « classe gitane » ne voudraient le laisser croire.

Des comparaisons internationales viennent en éclairage comparatif. Tim Freytag montre que le système éducatif allemand est confus à cause du fédéralisme et que les enfants immigrés sont en difficulté à cause d’une sélection précoce (maîtrise de la langue) et des horaires réduits (question du travail à la maison). A Jens Nydahl de Berlin, l’école est associée aux structures du quartier, favorisant en cela l’apprentissage de la langue. Une conclusion serait de transférer des compétences des Länder aux écoles. Dans cette même idée d’impliquer les associations dans les projets scolaires, David Giband présente l’expérience des districts unifiés américains : les parents peuvent choisir un établissement indépendamment de leur lieu de résidence sous condition qu’il appartienne à un réseau comportant des établissements difficiles.

En définitive, si les établissements scolaires sont ségrégés c’est que la ville l’est. Les évolutions démographiques peuvent être l’occasion de repenser les territoires scolaires. Le passage des ZEP aux REP (Réseau d’Education Prioritaire) a été un pas mais qui a inclut trop de monde, trop de catégories. D’autres structures sont à créer.

Des pistes de réflexion sur nos territoires d’exercice et un champ de recherche en développement (voir l’annonce du prochain colloque co-organisé par David Giband et Tim Freytag : http://calenda.revues.org/nouvelle15476.html).