Le 2 décembre 2017 avait lieu, dans le cadre de « Rueil-ville impériale » en partenariat avec l’Institut Napoléon sous la direction de Jacques-Olivier Boudon, président de l’Institut Napoléon, le 6ème colloque dédié aux relations franco-russes durant les deux Empires.
Le colloque s’intitulait ainsi :
Entre l’entrée en guerre de la Russie contre la France révolutionnaire en 1798 et la chute du second Empire, les relations entre les deux empires ont été faites de conflit et de réconciliation, surtout à l’époque du Premier Empire,quand Napoléon Ier affrontait le tsar Alexandre, puis sous le Second, quand Napoléon III défiait Nicolas Ier, avant designer la paix avec Alexandre II. Les victoires d’Austerlitz puis de Friedland débouchent sur un traité d’alliance signé à Tilsit, qui ne devait pas résister à la volonté de puissance de Napoléon et à la campagne de Russie de 1812. Mais à l’entrée de Napoléon dans Moscou répond celle d’Alexandre à Paris en 1814, puis 1815. Les deux empires vont ànouveau s’affronter à partir de 1853 dans la guerre de Crimée, avant de renouer des relations diplomatiques que concrétisent le congrès de Paris de 1856, puis la venue du tsar en France en 1867. Mais au-delà des cycles de guerres et de paix, les relations entre les deux empires ont aussi été économiques, scientifiques et culturelles ; elles se traduisent par des échanges nombreux que favorisent les voyages entre les deux pays.
De ce colloque sont issues les neuf communications présentées dans l’ouvrage.
La période étudiée couvre les deux empires français.
Jacques-Olivier Boudon évoque les conflits entre la France et la Russie, la question polonaise, l’indépendance belge, questions cruciales entre les deux empires, puis les points de convergence comme le soutien à l’indépendance grecque, les gestes de concorde (lorsque Talleyrand libère 8000 soldats russes). Nicolas Dujin lève le mystère sur l’assassinat de Paul Ier et le rôle de l’Angleterre pour empêcher l’alliance franco-russe.
Olivier Varlhan démontre comment l’alliance de Tilsit est devenue l’esprit de Tilsit. Quels écueils le Tsar et l’Empereur doivent-ils éviter ? Comment conquérir les opinions ? Comment l’action politique a une influence sur la sociabilité, qui inspire Tolstoï ?
Quel sens avait la présence des Russes à la cour ? Charles-Éloi Vial a étudié les mémoires laissés par les courtisans, les journaux de l’époque et correspondances officielles, cherchant à « y déceler d’éventuels signes de retournement d’alliance ou de jeux de pouvoir ».
Natalia Griffon de Pleineville démontre dans un article comment le Vice amiral Séniavine fut un habile tacticien pour préserver les intérêts de sa flotte et de ses hommes dans un contexte international trouble. Jacques-Olivier Boudon dans une communication sur le sort des prisonniers russes, durant les deux empires raconte comment ils ont été accueillis au sein de la société française, et qu’une sociabilité internationale s’est développée. D’un point de vue sociologique on apprend que la hiérarchie sociale se reflète également au sein des prisonniers.
Maria Mnatsakanova explique comment le mythe napoléonien s’est construit puis déconstruit au fil des aléas diplomatiques et des intérêts de la Russie puis comment la littérature s’est emparée de ce personnage, Tolstoï, Lermontov, Dostoïevski pour ne citer que quelques uns, ont tous été marqués par l’épopée napoléonienne.
Les rivalités franco-russes ont aussi concerné la question de la protection des lieux saints, comme l’évoque Jacques-Olivier Mnatsakanova.
Deux communications sont consacrées aux conséquences de la Guerre de Crimée, sur la perception des Russes en France (Jean-François Figeac) et sur les relations diplomatiques entre les deux Empires (Pierre Gonneau).
Cet ouvrage a le mérite de montrer que les relations franco-russes au XIXe siècle étaient fortes, que ce soit sur le plan militaire, sur le plan de la sociabilité, et bien sûr les relations intellectuelles et artistiques.