L’Histoire du Monde au XIXe siècle dirigée par le même duo et parue en 2017 comportait une partie qui s’intitulait « Le magasin du monde ». Le tandem Singaravélou–Venayre, qu’on ne présente plus, a souhaité enfoncer le clou et starifier l’objet, l’objet comme possibilité d’appréhender une mondialisation par le bas, l’objet emblématique des sans-grades entre autres (le hamac par exemple). Et modifier le regard. 95 objets sont sondés, dont quelques-uns sont inattendus, à l’instar du bol à kava, du fil de fer barbelé, du panama ou du sextoy.
Une agréable sensation de parcourir un catalogue d’un autre temps assaille l’esprit du lecteur. Soulignons d’abord l’homogénéité des objets présentés : tous ou presque font l’objet (sic) d’une production en série au XIXè siècle, d’une standardisation à terme, naturelle puisque contemporaine de l’industrialisation. Tous sont également maniables, ce qui ramène à l’expérience, au quotidien et donc à l’individu dans sa plus stricte banalité. C’est aussi le deuil d’une certain matérialité qui se déploie au fil des pages, le smartphone étant un des rares objets numériques scrutés.
Le concept production – diffusion – réception demeure central dans cet ouvrage, même si les allers et retours entre ces trois pôles nourrissent nombre de contributions. De même, le décentrement promu par une vision périphérique, par la mise en avant d’objets fabriqués dans des marges, tel le surf, vient rappeler que la notion de périphérie demeure très relative.
Enfin, le pool de chercheurs français spécialistes de régions fort variées qui a oeuvré pour proposer ce livre montre la présence et toute la pertinence de la recherche hexagonale dans l’histoire connectée et des circulations.
En somme, un livre sur la mondialisation très plaisant à lire, de par ses multiples entrées et les connexions suggérées à chaque fin de contribution, un ouvrage destiné à des publics variés – programme d’histoire de première entre autres – et qui promet un long et beau voyage aux quatre coins du monde, ou tout simplement une plongée dans les méandres de nos souvenirs d’enfance ou d’une promenade au milieu d’un ample marché aux puces. Un chouette de cadeau de Noël.