Des marins français qui ont pris part à la première circumnavigation

La première circumnavigation a été réalisée par l’explorateur portugais Fernand de Magellan, avec le soutien financier du roi d’Espagne, futur Charles Quint, Charles Ier. Les 237 membres d’équipage sont répartis sur cinq navires : la Trinidad, le San Antonio, la Concepción, la Victoria et le Santiago.

Parmi eux, Bruno d’Halluin a dénombré 19 Français. Originaires des côtes méditerranéennes (Narbonne, Montpellier), du littoral atlantique (île de Groix, le Croisic, Auray, Bordeaux, La Rochelle), des pourtours de la Manche (Saint-Malo, Boulogne sur mer) mais aussi de l’intérieur du royaume (Troyes, Tours, Angers, Metz, Lectoure, Falaise, Monein), ces « compagnons de Magellan » ont été engagés comme marin, canonnier, charpentier, chapelain, calfat, connétable, serviteur ou mousse.

Un livre, édité par les éditions Chandeigne, retrace le parcours de ces hommes, dont très peu remettront les pieds sur le sol européen. Sa lecture permet de compléter l’imposant volume retraçant le déroulement du périple qui avait été publié sous le titre du « Voyage de Magellan » en 2007, puis en 2010.

Répartition par vaisseau au moment du départ

Sur la Trinidad (nef amirale, 110 tonneaux) :

  • Jean-Baptiste, de Montpellier (Languedoc), canonnier.
  • Guillaume Tanguy, de Groix (Bretagne), canonnier.
  • Jean Martin, d’Angers (Anjou), supplétif et serviteur de Magellan.

Sur le San Antonio (120 tonneaux) :

  • Maître Jacques, de Lorraine, canonnier et connétable.
  • Roger Dupret, de Monein (Béarn) ou Menin (Flandres), canonnier.
  • Bernard Calmette, de Lectoure (Armagnac), chapelain.
  • Jean Mabire, de Rouen (Normandie), marin.
  • Colin Baso, de Boulogne (ancienne Picardie), mousse.

Sur la Conception (90 tonneaux) : aucun Français.

Sur la Victoria (85 tonneaux) :

  • Simon Guimard, de La Rochelle (Aunis), calfat.
  • Philibert Bodin, de Tours (Lorraine), canonnier.
  • Stéphane Bihan (ou Villon), du Croisic (Bretagne), marin.
  • Bernard Maury, de Narbonne (Languedoc), mousse.

Sur le Santiago (75 tonneaux) :

  • Barthélémy Prieur, de Saint-Malo (Bretagne), contremaitre.
  • Richard Deffauldis, d’Evreux (Normandie), charpentier.
  • Laurent Corrat, de Falaise (Normandie), canonnier et connétable.
  • Jean Massiat, de Troyes (Champagne), canonnier.
  • Pierre Allard, de Bordeaux (Guyenne), marin.
  • Jean Bras, du Croisic (Bretagne), mousse.
  • Pierre Arnaud, d’Auray ou de Groix (Bretagne), mousse.

Les Compagnons français de Magellan (1519-1522), Chandeigne, 2022, page 59.

Accessible dès le collège pour les plus curieux, ce livre agréablement illustré de gravures et de dessins en couleurs, notamment tiré de l’atlas Civitates Orbis Terrarum de Georg Braun (1572), est également un support fiable pour construire une étude de documents en classe de cinquième et de seconde. Outre l’ouverture atlantique à travers la biographie de l’un des marins français, les enseignants pourront également conseiller la lecture de courts passages à propos du commerce international depuis le port de Séville.

Séville, par sa situation géographique et son dynamisme économique, fut choisie par les Rois catholiques comme siège du monopole du commerce avec les Indes occidentales, devant « la porte et le port des Indes », le point de départ et d’arrivée obligatoire de toutes les flottes qui s’y rendaient ou en revenaient. Ce monopole se concrétisa par la création en 1503 de la Casa de Contratación, puissance organisme gérant tout ce qui concernait l’Amérique espagnole : le commerce, les comptes, l’inspection et l’approvisionnement des navires, la douane, la justice, le lien avec les émigrés, la navigation, la formation des pilotes, le contrôle des marchandises et des passagers, l’enrôlement des équipages.

Les Compagnons français de Magellan (1519-1522), Chandeigne, 2022, page 55.

Les cartes en couleur sont également précieuses pour apprécier l’itinéraire suivi, notamment l’audacieuse décision de Sebastian El Cano de traverser le Sud de l’Océan indien depuis l’île de Tidore dans les Moluques (le 21 décembre 1521). A ce moment-là, après 28 mois de navigation, il n’y a plus que 4 Français sur la Victoria, le seul navire pouvant encore naviguer. En effet, depuis le mois d’Avril, la Trinidad était en très mauvais état et avait dû quitter le Victoria. L’équipage, composé également de 4 Français commença une traversée du Pacifique en direction des Mariannes avant de remettre le cap vers les Moluques et d’être capturé par les Portugais.

En conclusion, un récit vivant, accessible au grand public, sur des hommes dont le destin avait été peu mis de côté dans les récentes bandes dessinées consacrées à l’expédition de Fernand de Magellan et Sebastian El Cano.

Pour aller plus loin :

  • Présentation de l’éditeur -> Lien

Antoine BARONNET @ Clionautes