Nicole Bacharan est historienne des Etats-Unis et politologue. Dominique Simonnet, journaliste et ancien rédacteur en chef à l’Express, a écrit plusieurs ouvrages avec elle : Le 11 septembre, Les secrets de la Maison Blanche, First Ladies. Cet ouvrage présente des moments de l’histoire américaine, des journées décisives racontées en quelques pages à partir d’une historiographie actualisée.
Moments fondateurs
Le livre s’ouvre avec un moment fondateur, toujours présent dans la culture américaine mais souvent mal connu : le premier Thanksgiving du 22 novembre 1621 rebaptisé « le mensonge des Puritains. Présenté comme une fête commémorant un moment de partage entre premiers Américains et colons, les premières fêtes de Thankgiving sont surtout des symboles de guerre. Ainsi, en 1637, William Bradford remercie Dieu d’avoir guidé les colons lors du massacre des Pequots. C’est cet événement qui marque la mémoire des Amérindiens. Parmi ces moments fondateurs, le chapitre sur la déclaration d’indépendance du 4 juillet 1776 en rappelle aussi bien la portée que les ambiguïtés par cette formule : « trois cinquièmes d’humain ». Ensuite, la doctrine Monroe, le 2 décembre 1823, marque l’affirmation de la suprématie étasunienne sur le continent américain. L’Amérique du Sud devient, par conséquent et pour longtemps, l’arrière-cour des Etats-Unis.
Le siège de Fort Alamo, le 6 mars 1836, est le symbole de la résistance désespérée de Davy Crockett et de ses hommes. Combattant pour l’indépendance du Texas ou son rattachement aux Etats-Unis, ils périrent en effet jusqu’au dernier face aux Mexicains. Mais la défaite est de courte durée et la mémoire de Fort Alamo contribue à galvaniser les Texans. L’Etat est ainsi rattaché aux Etats-Unis en 1845. L’époque est aussi celle de la ruée vers l’ouest, qui débute avec la découverte d’or par un charpentier le 24 janvier 1848. La visite d’Abraham Lincoln à Gettysburg, le 19 novembre 1863, permet d’évoquer la guerre de Sécession, qui implique nombre d’hommes qui ont combattu dans la guerre mexicaine. Cette fois-ci, ils ont combattu dans des camps opposés. Wounded Knee, le 29 décembre 1890 témoigne à nouveau de la violence envers les Amérindiens.
Puissance mondiale et interventionnisme
L’entrée dans la première guerre mondiale, le 4 juillet 1917, marque une rupture avec l’isolationnisme. Les Etats-Unis s’imposent désormais comme une puissance mondiale. Le conflit s’achève cependant par le rejet du traité de Versailles par le Congrès. L’entre-deux-guerres est marquée par le mardi noir du 29 octobre 1929. Cette crise aux répercussions mondiales et contribue à faire de Franklin D. Roosevelt un grand président par sa politique du New Deal. Ce dernier est aussi confronté à la Seconde Guerre mondiale, lors de laquelle Pearl Harbor est frappée le 7 décembre 1941. Cette nouvelle intervention américaine, au nom de la démocratie, s’accompagne d’une politique répressive envers les Japonais sur le plan intérieure. Les Etats-Unis recourent à la puissance nucléaire lors du bombardement d’Hiroshima du 6 août 1945. Les années de crise s’achèvent et les Etats-Unis affirment leur suprématie.
La guerre froide
Les espoirs suscités par la marche sur Washington du 28 août 1963 et le célèbre « I have a dream » de Martin Luther King sont vite retombés : attentat de Birmingham, répression de Selma. L’Amérique connaît une nouvelle tragédie avec l’assassinat de JFK, le 22 novembre 1963, suivis par ceux de Robert Kennedy et de Martin Luther King. Les premiers pas sur la Lune, le 20 juillet 1969, marque la conquête d’une nouvelle frontière et l’affirmation d’une supériorité technique américaine. Des tentatives de coopération avec les Soviétiques sont cependant tentées, mais sont abandonnées.
La démission de Richard Nixon en 1974 est racontée à travers la nuit qui précède sa décision. La fuite de Saigon, le 30 avril 1975 marque une importante défaite face au communisme et symbolise le cauchemar de la guerre de Vietnam. La politique du containment a échoué.
L’appel de Berlin annonce la fin de la guerre froide. Ainsi, le 12 juin 1987, Reagan s’exclame « Monsieur Gorbatchev, abattez ce mur ! ». Le général Kalougine, ex-responsable de l’espionnage soviétique, estime que Reagan a précipité la fin de l’URSS. Les facteurs sont bien évidemment multiples.
Crises contemporaines
La période très récente se caractérise par des traumatismes multiples pour les Américains, à commencer par la tuerie de Colombine, le 20 avril 1999. L’événement, emblématique de la violence des jeunes aux Etats-Unis, n’aboutit pas à un changement majeur. Entre 1999 et 2020, 229 massacres ont eu lieu dans les écoles américaines.
Le 11 septembre est un traumatisme national et mondial. Il marque un retour aux engagements militaires extérieures, mais aussi l’émergence d’une législation d’exception. La skyline de New York est également transformée. Ainsi, la Freedom Tower a remplacé le World Trade Center, dont l’absence est matérialisée par deux bassins. 2003 marque l’entrée dans « le piège irakien ». Si la deuxième guerre du Golfe s(achève officiellement fin 2011, la région reste marquée par une grande déstabilisation, terreau de l’islamisme.
Le 4 novembre 2008, l’élection de Barack Obama est un symbole d’espérance. L’Amérique serait-elle une « nation post-raciale ». L’élection de Donald Trump, qui avait mis en cause la nationalité de Barack Obama, met fin à cet espoir. Il incarne une Amérique blanche.
Le 15 octobre 2017, le hashtag Me Too brise le silence autour des violences faites aux femmes. Le tweet posté par l’actrice Alyssa Milano est repris et donne surtout lieu à une multitude de témoignages.
Le 6 janvier 2021, l’insurrection du Capitole et le refus de Donald Trump de reconnaître sa défaite électorale ébranlent la démocratie en Amérique et l’unité du pays.
La portée de chaque événement, jusqu’à nos jours, est expliquée rapidement en fin de chapitre. La bibliographie présente une série d’ouvrages récents essentiels. Elle est classée par chapitres. Le lecteur peut lire l’ouvrage dans l’ordre ou piocher un chapitre en fonction de ses besoins. L’ouvrage propose en effet des synthèses pratiques et des pistes pour compléter cette première lecture, nécessairement succincte.
Jennifer Ghislain