« Population & Avenir, revue indépendante alliant rigueur et pédagogie, vous présente une analyse originale des enjeux actuels. Vous y trouverez une source d’informations, de réflexions et d’argumentaires amplement illustrés par des cartes, des graphiques, des tableaux, des schémas… »
ÉDITORIAL par Gérard-François DUMONT
UNION EUROPÉENNE : DÉPOPULATION OU DÉPEUPLEMENT ?

Dépopulation et dépeuplement semblent être deux termes apparemment proches, qu’il convient toutefois de préciser. On parle de dépopulation quand le solde naturel est négatif. C’est seulement quand le solde démographique total, qui combine les naissances et les décès, ainsi que les immigrations et émigrations, est négatif que l’on parle de dépeuplement.

En 2015, pour la première fois, le nombre de décès dans l’Union Européenne a été supérieur à celui des naissances.  En 2017, le taux d’accroissement naturel y était encore de -0,4 pour mille. Mais on ne peut pas dire que l’ensemble de l’Union Européenne connaît un dépeuplement, donc une diminution de sa population. Son solde migratoire est en effet globalement resté suffisamment positif pour compenser l’effet négatif de la population. A l’échelle des Etats, on compte 14 pays en dépopulation et tout de même 9 à la fois en dépopulation et dépeuplement.

 

DOSSIER par François CUSIN
LES VILLES FRANÇAISES : DES DYNAMIQUES À L’AMÉRICAINE ?

La problématique de cet article vise à savoir si les villes françaises connaissent une « américanisation » ou si elles conservent leurs caractéristiques propres.1

On distingue 3 principales caractéristiques de la ville américaine. Elle est d’abord étalée en lien avec la mobilité centrifuge des classes supérieures et moyennes. Ce mouvement d’éloignement des centres urbains commence fin XIXème siècle et se poursuit tout au long du XXème siècle avec la diffusion de l’automobile. Mais la suburbanisation de masse ne se produit qu’après la Seconde Guerre Mondiale avec la démocratisation de l’accès à la propriété de la maison individuelle et le white flight, c’est-à-dire le mouvement centrifuge des couches moyennes blanches qui quittent massivement les centres. La forte ségrégation sociale et ethnico-raciale est une autre caractéristique majeure des villes américaines, à l’origine des ghettos. Enfin nombre de villes-centres sont confrontées à un déclin démographique mais aussi économique. Ces dernières décennies, on peut toutefois noter quelques inflexions à ce modèle sans le remettre totalement en cause : la gentrification de quartiers anciens centraux et la diversification du peuplement de certains territoires suburbains.

Les villes françaises semblent se distinguer très nettement des villes américaines. Par exemple, les centres-villes continuent d’y polariser les fonctions décisionnelles et les activités tertiaires, les équipements culturels, les classes supérieures, ainsi qu’une large partie des classes moyennes. Par contre, il pourrait être possible de rapprocher les phénomènes de suburbanisation américaine et de périurbanisation qui s’est accentuée en France depuis le début des années 1970. Les facteurs favorisants sont semblables. Le desserrement résidentiel s’accompagne dans les deux cas d’un desserrement des activités économiques et de l’emploi avec le déménagement d’entreprises industrielles et logistiques et la création de centres commerciaux. Malgré tout, la périurbanisation, bien que très significative, reste un phénomène minoritaire en France et touche des espaces périphériques comprenant initialement des villages ruraux et de petites unités urbaines. On peut également discuter de la notion de « ghetto » qui semble inappropriée en France, où les niveaux de ségrégation sociale sont très inférieurs à ceux mesurés aux États-Unis.

On peut donc en conclure que les réalités urbaines en France et aux États-Unis sont fort différentes.

 

DOCUMENT PÉDAGOGIQUE (libre de droits)
LES DYNAMIQUES DE PEUPLEMENT AUX ÉTATS-UNIS SELON LA MORPHOLOGIE DES TERRITOIRES

 

EXERCICE PÉDAGOGIQUE par Alexandre DUCHESNE
LA PLACE – COMMENTÉE – DE L’HISTOIRE-GÉOGRAPHIE DANS LE NOUVEAU LYCÉE

L’auteur présente d’abord l’esprit général de la réforme du lycée puis commente les programmes d’Histoire-Géographie (dans le cadre du Tronc commun) et du nouvel enseignement de spécialité en Première et en Terminale d’Histoire, géographie, géopolitique et sciences politiques. Un exemple d’application en Seconde est proposé.

 

ANALYSE par Jean-Claude LUGAN
UNE PETITE VILLE EN ZONE RURALE PEUT-ELLE SE DÉVELOPPER ? L’exemple de Figeac dans le sud-ouest de la France

Figeac est un exemple montrant la capacité de petites villes en zone rurale à stimuler un développement local2. Elle est le centre d’un bassin industriel du département du Lot, organisé autour d’entreprises du secteur aéronautique, notamment « Ratier-Figeac », premier hélicier du monde. Plusieurs facteurs expliquent ce développement : une tradition industrielle, un développement général de l’aéronautique, les qualités et la volonté de plusieurs entrepreneurs accompagnés par les pouvoirs publics. Cette attractivité productive se double d’une riche attractivité touristique. Le centre ancien de Figeac est « un véritable musée à ciel ouvert, après un considérable effort de rénovation du cœur médiéval ». L’économie touristique n’est pas de la même ampleur que l’économie industrielle, mais elle renforce l’économie générale de la ville et le niveau de service, notamment en période estivale.

 

ANALYSE par Laurent HOU
CHINE : LES VICISSITUDES D’UNE VILLE NOUVELLE

Beichuan est une ville nouvelle créée après un séisme de magnitude 8 qui a détruit les 4/5e de la ville originelle et fait 1500 morts. Après cet évènement, de nombreux habitants ont migré vers d’autres grandes métropoles, notamment les plus qualifiés. Un piège semble s’être refermé sur la ville : d’une part, elle manque d’habitants pour être attractive ; d’autre part, sa faible attractivité l’empêche d’attirer de nouveaux habitants.

Au final, la ville nouvelle de Beichuan apparaît comme « un curieux objet urbain, vaste, propre, mais aussi vide et paradoxal ».

 

1. Pour en savoir plus : Cynthia GHORRA-GOBIN, La métropolisation en question, PUF, 2015

2. Pour en savoir plus : Gérard-François DUMONT, Les territoires français : diagnostic et gouvernance – Concepts, méthodes, applications, Armand Colin, Coll. U Géographie, 288 p., 2018