Le nouveau livre de Jean-Clément Martin, spécialiste ô combien reconnu de la Révolution française, s’attarde sur un des événements les plus marquants de cette période, à savoir la mort de l’ancien roi Louis XVI, en place publique, le 21 janvier 1793. Néanmoins, et c’est ce qui fait la richesse de cet ouvrage, cette exécution n’est pas au centre de l’analyse de l’auteur. Ce qui l’intéresse, ce sont les débats politiques et sociaux autour du procès et des sanctions possibles, ce qu’implique ce procès dans les mémoires collectives, française et européenne.
L’ouvrage est ainsi découpé en 9 chapitres, d’un avant-propos et d’un épilogue. L’exécution du roi est le coeur du 1er chapitre, preuve que le propos de l’auteur n’est pas centré sur cette journée particulière.
La figure entachée de Louis XVI
Du chapitre 2 au chapitre 4, Jean-Clément Martin reprend et synthétise des éléments déjà présents dans de nombreux de ses ouvrages précédents. Il montre comment la figure de Louis XVI a fini par être rejetée par une grande partie du peuple français. Il revient sur cette litanie d’erreurs de la part d’un monarque dépassé par les évolutions de sa société. Erreurs aboutissant à sa destitution et sa « prise en otage » pour reprendre le titre du chapitre à la fin août 1792.
Dans les arcanes d’un procès inédit
Les chapitres 5 à 7 abordent l’aspect plus juridique de ce procès hors-norme et jamais vu en France. Au fil des pages, apparaissent les tiraillements de tous les acteurs participant au procès du « Citoyen Capet ». Et l’auteur de nous faire rentrer dans la complexité de l’administration et la Justice de cette époque. Dans les doutes et les débats de ceux qui vont juger l’ancien roi. Et enfin, aborder un de ses thèmes favoris, les contre-révolutionnaires.
Les deux derniers chapitres sont plus orientés sur le côté politique et sur les tourments des membres de la Convention. A travers les débats autour de Louis Capet se trament les oppositions politiques, les visions de la Révolution… Déjà s’anticipent les prochains combats, déjà les ambitions personnelles pointent… Chacun semble prendre la mesure des conséquences de l’issue du procès et cherche sa place dans l’Histoire.
Une exécution aux lourdes conséquences pour la France
Jean-Clément Martin nous offre un libre ambitieux. Parfaitement accessible au plus grand nombre, il a pour ambition, d’abord, de montrer l’importance de cette journée dans le récit national. Ensuite, les conséquences morales, politiques, sociétales de cette exécution. Enfin, les fractures du mouvement révolutionnaire. Une lecture passionnante qui complète parfaitement ce qu’avait déjà produit l’auteur sur le sujet. Auteur dont l’une des principales qualités est d’aborder le récit révolutionnaire avec le maximum d’objectivité et de neutralité, s’efforçant de ne jamais politiser ses propos et de ne s’appuyer que sur les faits et les documents, en somme de faire un travail d’historien.
Présentation sur le site de l’éditeur
Le 21 janvier 1793, à Paris, Louis XVI est guillotiné publiquement. L’événement est considérable par sa radicalité. Henri III et Henri IV avaient été assassinés ; Louis XVI est exécuté au terme d’un jugement rendu au nom de la nation et de la République. La Révolution est victorieuse. Elle s’était réalisée peu à peu depuis 1789, quand le roi avait dû réunir les États généraux. D’affrontements en crises, elle s’était affirmée contre le monarque jusqu’à le chasser du trône le 10 août. Le 21 janvier marque une nouvelle ère pour le pays, ainsi que pour les pays européens : ce qui s’accomplit ce jour-là se veut exemplaire pour les peuples désireux de se libérer des princes et des rois. Conséquence inattendue, la guerre se généralise à tout le continent.
La détermination nécessaire pour en arriver là explique le titre de ce livre : outre le fait que le mot « exécution » désigne une peine capitale appliquée après sentence d’un tribunal et évoque une destruction délibérée, il désigne plus largement une opération effectuée en appliquant des règles et des procédures, réalisée au terme d’un projet mûri.
Pendant plusieurs mois, en effet, les Français hésitèrent à fixer le sort du souverain déchu et se déchirèrent d’abord pour définir les modalités du procès, ensuite pour savoir s’ils allaient le tuer. L’exécution légale a été un choix extrêmement difficile à faire, qui a laissé plus de traces mémorielles que l’acte lui-même. C’est pourquoi, l’ouvrage s’intéresse plus aux querelles et aux rapports de forces entre groupes révolutionnaires, qu’à l’examen de la responsabilité du roi et à sa personnalité. À côté du destin tragique de Louis XVI et de la rupture du lien du pays avec la monarchie en janvier 1793, la France se cherche entre Révolution et République dans ces mois d’automne-hiver 1792-1793 : c’est là que se trouve le cœur du livre. (Jean-Clément Martin).