Maître de conférences à Besançon, Jean-Philippe Antoni propose, avec ce lexique de la ville, un tour d’horizon de la question urbaine complet et digeste, le tout en un volume réduit.

D’abord rigoureux et original, il passe en revue les incontournables – des théoriciens ou de l’INSEE – démontre que le fait urbain contient de nombreux flous « franges », « bâti »…tout en présentant des entrées moins attendues « adressage », « ascenseur », « édicule »…

Puis en observateur attentif de la ville, Antoni s’arrête sur ces petits détails du quotidien qui apportent du souffle dans ce genre d’ouvrage « pigeon », « escalier », « terrasse », « bateau mouche »…

Mais c’est lorsque le linguiste et le critique empiètent un peu sur le terrain du géographe que l’on se prête à sourire : au delà de sa fonction commerciale originelle, la « foire » ne devient-elle pas « foire du slip » lorsqu’elle s’achève dans le capharnaüm ? Quant à la longue tirade sur les « punks à chiens », elle talonne sans complexe les meilleures démonstrations du Professeur Rollin !

Critique, Antoni l’est aussi à l’égard de la « maison individuelle » dont on peine à trouver des avantages même si elle reste le type d’habitat préféré des français (sa thèse portait sur la modélisation de l’étalement urbain).

Deux broutilles : justement, une petite erreur de frappe sur « l’étalement urbain » (l’espace « rurbain » y est évoqué deux fois au lieu d’évoquer le « suburbain » – p 68) et quelques problèmes d’espacement du texte dans certains paragraphes.

Il faut donc absolument passer par cet ouvrage avant de penser à creuser dans le Merlin et Choay. C’est une réussite rédactionnelle et, de ce fait, un précieux outil pour qui s’intéresse à la complexité des espaces urbains : preuve que l’on peut rester accessible même en ayant été formé par les fractales…