Réalisé à la suite du colloque organisé au Muséum National d’Histoire Naturelle les 29 et 30 octobre 2010, cet ouvrage réunit les conclusions de près de 30 contributeurs sur ce thème de l’adaptation de l’homme au mode de vie qu’il s’est lui-même imposé.
Si la première partie rassemble des textes issus des sciences dures (génétique, biologie, mathématiques…), la seconde traitant des mutations environnementales intéressera ici davantage notre communauté de géographes.
Si les défis sont très nombreux, il ne faut pas oublier que, sur le temps long de l’histoire, l’homme a su rendre son environnement plus vivable, « augmentant son espérance de vie, facilitant ses accès au garde-manger, à la fontaine municipale, au médecin de famille, à la pompe à essence, au train de 9 heures et à ses redoutables emails » (p 12).
Les contreparties de ces progrès indéniables sont, elles aussi, légion, à commencer par l’impact climatique qu’il n’est aujourd’hui plus possible de contester : si les pouvoirs publics se sont entendus sur une augmentation de 2°, c’est davantage autour de 5° à 6° sur le siècle que le réchauffement pourrait se faire si rien ne bouge.
Les modèles agricoles sont questionnés, pas nécessairement durables ; la biodiversité également (ne va-t-on pas vers la 6ème grande crise d’extinction ?) ; les mers se vident inexorablement (la citation d’Alexandre Dumas de son grand dictionnaire de cuisine de 1871 paraît bien obsolète « On a calculé que si aucun accident n’arrêtait l’éclosion de ces œufs et si chaque cabillaud venait à sa grosseur, il ne faudrait que trois ans pour que la mer fût comblée et que l’on pût traverser à pied sec l’Atlantique sur le dos des cabillauds » ! – p 101).
La population augmentera, les centenaires notamment, et on entrevoit le paradoxe de la prévention médicale, « on est donc marqué plus tôt comme à risque, ou comme malade, et plus tôt médicalisé, de même qu’on est simultanément plus longtemps médicalisé » – p 124. Cela s’inscrivant en lien avec la richesse, la citation de Gro Harlem Bruntland n’a-t-elle pas résumé le débat « les pays riches sont devenus riches avant de devenir vieux, et les pays en développement seront vieux avant de devenir riches » – p 130 ?
Une troisième partie évoque des pistes de solution qui pourraient notamment passer par une maîtrise meilleure encore de l’énergie solaire ou un travail sur l’efficacité énergétique, surtout chez les consommateurs individuels.
« Informer objectivement sans pour autant désespérer » mais ne plus continuer « dans un monde où 20% des humains contrôlent 80% des ressources » – p 174, tels sont les enjeux soulevés dans cet ouvrage très riche dont on pourra retrouver les interventions vidéo sur le site de l’INSEP.
Au passage, soulignons la très jolie couverture « Evolution 1 » signée Stéphane Clouet, peintre céramiste.