A l’heure du bilan, la Documentation Française propose un numéro spécial sur le thème sur l’identité nationale structuré autour de quatre articles.

Le premier, signé Michel Sappin, préfet de la région PACA, revient sur le lancement du débat à Marseille. Rappelant que le sentiment d’appartenance à la nation évolue dans le temps et dans l’espace, l’auteur explique qu’à Marseille, on se sent d’un quartier avant tout. Serein et venu dans une optique constructive, le public a insisté sur le vocable en proposant l’ajout du terme « solidarité » dans la devise et le déplacement de « l’égalité » en première place. De même, le terme « inclusion » pourrait être préféré à « intégration » ou « assimilation ».

La sociologue Dominique Schnapper, précise quant à elle, que l’identification est préférable à l’identité dont le caractère est trop immobile. L’identité nationale se construit, en partie, en fonction de l’Autre, d’où ce sentiment fort en Europe, au travers l’histoire des guerres. Dans ce contexte de mondialisation et de structuration européenne, la question était légitime, même si, dit-on, les français ont un goût particulier pour ces grandes questions théoriques.

Plus complexe, le texte du politologue Thierry Leterre explore la dimension plurielle de l’identité. Pluralité renvoie à identité collective pouvant se constituer via un rapprochement de traditions régionales (à partir du XVIIIème siècle) ou via des différences importées de l’extérieur par migration (à partir de la fin du XXème siècle). La différence est mince, aussi se questionne-t-il sur le fait de savoir si la nation n’est pas une hallucination ? Aux origines de la nation, les différences étaient accessoires. Aujourd’hui, les valeurs universalistes restent (Droits de l’homme) mais le sentiment national demeure faible (face au local et au régional). Une conclusion serait d’éduquer au regard, sur nos similitudes au sein de nos différences.

Didier Lapeyronnie, sociologue, aborde la question des liens à la terre et du rôle des institutions. Aussi l’immigré est-il coincé entre l’image de porteur de la modernité (qui « détruit » les identités) et celle d’un apport d’une culture trop traditionnelle. Le modèle d’intégration basé sur l’identification de la culture nationale, l’exclusivité de l’Etat et la laïcité ne fonctionne plus comme avant du fait de l’ouverture spatiale. Les institutions semblent devenues inefficaces, il y a dissolution entre culture et économie comme en témoigne le sort de nombreuses personnes intégrées dans leur quartier mais ne trouvant pas de travail.

L’occasion de faire le point sur le sujet et de trouver des extraits de textes intéressants.

De part et d’autre du dossier, sont abordées :
– la question de la réforme de l’enseignement de l’histoire-géographie au lycée : si l’idée du ministère est de créer des parcours à dominantes tout en rendant la filière S moins élitiste et en revalorisant la filière L, l’effet d’actualité (lien avec l’identité nationale) a rendu le débat est houleux. L’historien Jean Pierre Rioux élargit en proposant une meilleure synergie entre enseignants de l’école au lycée ainsi qu’un bannissement des rivalités disciplinaires pour mieux appréhender le monde contemporain.
– Le bilan du sommet de Copenhague : en demi-teinte, il n’a pas fait infléchir les grands pays et aurait mérité un interlocuteur clé pour l’Union Européenne. Les pistes se trouvent dans l’élaboration des taxes carbone, déjà en place dans le domaine des transports et de l’agriculture dans les pays nordiques mais cela pose le problème du transfert de compétences fiscales à Bruxelles…
– La réforme des IUFM : Jean Louis Auduc rappelle que dès leur création, les IUFM avaient été critiqué mais qu’ils ont surtout été bénéfiques pour les enseignants du premier degré. L’intégration à l’université était en route jusqu’à ce décret de 2008 optant pour la masterisation. Outre l’économie des stagiaires et le versement plus tardif des salaires, c’est au sujet du temps alloué à la recherche que les enseignants sont inquiets. La 2ème année serait surchargée avec stages, préparation du concours et mémoire. La question de fond semble liée à une philosophie délicate : l’activité enseignante n’est pas considérée comme un métier et ne semble, hélas, pas appeler de formation professionnalisante.
– Les enjeux du Grand Emprunt 2010 : original par son lancement sur les marchés financiers et ses dispositifs de contrôle, l’Emprunt sera de 35 milliards d’euros qui seront à répartir dans l’enseignement supérieur et la recherche, l’innovation et le développement durable. Selon Jérôme Creel, à côté de dépenses « utiles », il sera surtout l’occasion de réfléchir sur ce que sont les bonnes pratiques en termes de politique budgétaire.