Prévoyant de réduire la durée du trajet Paris-Rennes à 1h30 d’ici 2017, Réseau Ferré de France a souhaité profiter de cette échéance pour lancer une réflexion plus large sur l’avenir de l’Ouest français et de son accessibilité.

Pour cela, le propriétaire et gestionnaire des lignes nationales s’est adressé à une équipe de chercheurs de l’université de Rennes 2 (Guy Baudelle, professeur, Ingrid Brugioni et Arnaud Lepetit, tous deux ingénieurs d’études-cartographes) afin de dépassionner un débat qu’un bureau d’étude ou une entreprise aurait peut-être pu traduire de manière moins impartiale.

Comportant de nombreuses cartes de qualité, inédites pour la plupart, et quelques jolies photographies illustratives, l’ouvrage se divise en trois parties.

La première d’entre elles se centre sur l’accessibilité en tant que telle et montre que l’Ouest français souffre toujours, dans l’imaginaire collectif – notamment celui diffusé par l’image de la « Banane Bleue » -, d’une position périphérique. Si l’Union Européenne ne voit pas dans cet Ouest français un espace urgent à désenclaver, d’autres instances comme la Conférence des Régions Périphériques Maritimes et le Schéma National des Infrastructures de Transport accordent davantage d’importance à l’amélioration de cette situation.

La seconde partie, plus longue, expose les grands enjeux d’aménagement soulevés par les différents projets ferroviaires en chantier ou à l’étude. Ce grand « portrait » montre que les territoires de l’Ouest ont de nombreuses potentialités (démographiques, économiques, touristiques…) et que ces dynamiques, réelles mais diffuses, nécessitent une offre de transport adaptée dont le volet ferroviaire n’est qu’un aspect.

Enfin, dans une troisième partie, les auteurs exposent différents scénarios possibles pour l’horizon 2040. Cinq directions se détachent : le tendanciel « L’Ouest sur sa lancée », le catastrophique « Le déraillement », et trois autres ; plus équilibrés, « La performance », « Equilibre et cohésion », « L’Ouest dans le vert ». Aux acteurs donc de s’en inspirer pour voir quel Ouest ils souhaitent voir émerger.

Un ouvrage très soigné qui invite tout naturellement à vouloir reproduire l’expérience sur d’autres territoires et qui permet, au delà de l’exemple de l’Ouest retenu ici, de s’interroger de manière plus générale sur les questions d’accessibilité notamment au travers de celle de la réduction des temps de trajet. Si les cartes de « meilleur temps de parcours ferroviaire théorique » (p 37-39) sont intéressantes, celles sur la « réduction estimée des temps de parcours ferroviaire vers Paris » constituent des exemples encore plus parlants de la contraction de l’espace-temps ces dernières années (p 106 – de 1978 à 2013) et dans l’avenir (p 107 – à partir de 2013 et au delà de 2017).

L’occasion, une nouvelle fois, de souligner la qualité des Presses Universitaires de Rennes dont nous avions pu découvrir, dans ce créneau éditorial, le très bon Atlas des Campagnes de l’Ouest.