À l’occasion de l’exposition « Louis-Philippe et Versailles » qui se tient au château de Versailles du 6 octobre 2018 au 3 février 2019, les éditions d’Art Somogy publient un riche catalogue sous la direction de Valérie Bajou.
Valérie Bajou est conservateur en chef au musée national des châteaux de Versailles et de Trianon. C’est elle qui dirige l’ouvrage et qui signe une partie des contributions du catalogue.
C’est la première fois que le château de Versailles consacre une exposition d’ampleur à Louis-Philippe (1773-1850) qui a transformé l’ancienne résidence royale en musée dédié « à toutes les gloires de la France » et ouvert à toutes et tous. Cette exposition permet alors de rappeler ce moment décisif pour Versailles qui a connu, dès lors, une nouvelle vie. Elle insiste également sur l’implication directe du roi dans ce projet, sur son goût pour l’histoire et sur sa volonté de mettre en scène l’histoire nationale.
À cette occasion, 32 pièces de ce musée du XIXème siècle, habituellement peu accessibles au public, sont exceptionnellement ouvertes, permettant ainsi de découvrir l’un des visages méconnus du château de Versailles.
Le catalogue revient sur l’histoire personnelle et familiale du premier roi des Français pour mieux raconter la naissance du musée, riche iconographie à l’appui.
Quatre grandes parties organisent l’ouvrage.
Dans la première partie, Une nouvelle dynastie, les différents auteurs s’intéressent au parcours des Penthièvre-Orléans et de Louis-Philippe. La question est alors de savoir si ce dernier est héritier de l’Ancien Régime. De nombreux tableaux représentant les membres de la famille Penthièvre-Orléans sont ainsi présentés.
C’est toute la jeunesse de Louis-Philippe qui nous est contée, de sa naissance à ses années d’exil en Scandinavie puis en Amérique.
Place est faite aux deux femmes du roi, son épouse et sa sœur qui prenait une place particulière : « Louis-Philippe avait été tout à fait clair avec sa future femme, que la présence d’Adélaïde dans leur ménage n’était pas négociable ».
Cette première partie se conclut par l’accession de Louis-Philippe et les premières années de son règne, entre révolution de 1830, alliances dynastiques et « entente cordiale » avec la toute jeune reine d’Angleterre, Victoria.
La deuxième partie, Le goût de Louis-Philippe, revient sur le rapport du roi des Français à l’art, car Louis-Philippe fut un grand collectionneur : « à l’exception du roi de Bavière, Louis-Philippe est de tous les princes celui qui se connaît le mieux en beaux-arts » notait ainsi le poète Heinrich Heine en 1833. Le roi s’intéressait surtout aux peintres de son temps, pour la plupart liés à David, reflet de son éducation relativement moderne.
Les auteurs s’intéressent également à « Louis-Philippe chez lui : espace privée et espace public ». Entre le Palais-Royal et les Tuileries, de nombreuses pièces de mobilier sont présentées.
La troisième partie quant à elle, Versailles ancien et moderne, nous raconte la transformation du château en musée. Palais de la Couronne désormais ouvert à tous, le château de Versailles surmonté d’un drapeau tricolore conserva la structure centrale de la résidence royale, encadrée par les ailes du Nord et du Midi, aménagées en Galeries Historiques. Les travaux, dirigés par l’architecte Frédéric Neveu, s’étalèrent de 1833 à 1847. Louis-Philippe sut aménager les appartements royaux pour la visite. Le public pouvait admirer le cadre de vie des rois tout en revivant les souvenirs glorieux de la nation. Si l’arbitraire domine parfois ce dispositif, moitié résidence, moitié musée, il en fait l’originalité incomparable, et le Versailles d’aujourd’hui conserve cette double identité.
Place est faite aux salles d’Afrique dont l’aménagement commença en 1837. Louis-Philippe entendait commémorer la conquête de l’Algérie où s’étaient illustrés ses fils. Aucun programme global n’a jamais existé : après le siège d’Anvers en Belgique en 1832, le choix des sujets africains a été décidé au fur et à mesure de l’avancée des troupes françaises.
Enfin, la quatrième et dernière partie (la plus courte du catalogue), Le musée de Versailles sous la monarchie de Juillet, est consacrée à l’inauguration (le 10 juin 1837), le fonctionnement et la réception de ce tout nouveau musée, en particulier dans la presse française et anglaise. On y apprend que cette réception fut majoritairement bonne : « les contemporains ont considéré que Versailles renouait avec une grandeur que le pays n’avait pas connue depuis les conquêtes impériales ».
Le lecteur trouvera en annexes une double chronologie Louis-Philippe et les Orléans/Événements historiques, un arbre généalogique de la famille du roi des Français, des plans du château, la liste des œuvres présentées dans le catalogue ainsi qu’une bibliographie.
Un très beau livre en somme, qui remet en perspective la trajectoire personnelle et politique de Louis-Philippe avec le château de Versailles devenu musée, le tout accompagné d’une belle et riche iconographie. L’exposition quant à elle se termine le 3 février prochain.
Pierre Bonnet