Ce roman prend la forme d’une autobiographie qu’aurait rédigée Eva Braun peu avant son suicide avec Hitler. Elle y raconte son histoire depuis leur rencontre en 1929 alors qu’elle a 17 ans jusqu’à leur mariage la veille de leur suicide commun, le 30 Avril 1945.

On peut donc retracer toute l’histoire d’Hitler et du nazisme, à travers les yeux de cette jeune femme qui assume à maintes reprises ne pas saisir tous les enjeux de ce qu’elle entend et vit. Cela confère à ce récit un point de vue original, qui confine à la superficialité. Après les peines de coeur d’Eva qui n’arrive pas à accepter de ne pas être la préférée d’Adolf, au point de se suicider par chantage (plutôt réussi), s’ensuivent ses préocuppations cinématographiques, sportives ou ses recherches vestimentaires pour briller lors des réceptions des hauts dignitaires nazis, avec un luxe de détails assez étouffant.

Son admiration pour le grand homme est sans borne, malgré les réticences notamment de sa famille, et le peu de considération qu’il lui témoigne, la plupart du temps. Elle s’accroche à lui et on ne sait trop qui est le faire-valoir de l’autre.  J’ignore si cette représentation est conforme à ce que fut Eva Braun, et il est probablement difficile de trancher au vu du manque de sources, mais l’image qu’en donne Chloé Dubreuil est celle d’une femme superficielle, qui accepte tout par amour (on aurait pu trouver l’opportunisme intéressant ; il aurait peut-être induit un peu de recul critique).

Revivre toute l’histoire nazie à travers un regard de femme-objet heureuse de l’être est doublement pénible, à mon sens. Mais, si vous recherchez un regard original et précis sur le Reich vu de l’intérieur, vous pourrez trouver votre bonheur dans ce recit. A condition peut-être de pouvoir souscrire à ces mots de la fin, dernières pensées supposées d’Eva :

« Où est le bien, où est le mal ? Nous ne sommes jamais posé la question. »

 

Claudine Garcia pour les C Clionautes