Nos premières fois, 30 (pré)histoires extraordinaires

Le 6^e ouvrage de Nicolas Teyssandier¹ s’insère immanquablement dans une certaine tradition de vulgarisation, celle constituée par de petits ouvrages, au ton parfois ludique, plaisant, mais qui présentent très sérieusement une série de questions très simples qui n’ont parfois jamais été vraiment abordées en profondeur dans nos programmes scolaires mais que nos jeunes élèves ne manquent jamais de nous poser². Et par ce fait, autant le dire tout de suite, ce livre sera donc très utile aux professeurs.

Ces trente chapitres de quelques pages chacun nous invitent à suivre l’auteur à la recherche de l’apparition des outils, du feu, des mots, du chef…³ Bien sûr, il n’y a pas de date très précise puisque nous sommes conduits dans un passé parfois extrêmement lointain (pensez au 3,3 millions d’années des premiers outils) mais, pour chaque « chronique », c’est l’occasion de découvrir une enquête, celle que les chercheurs ont effectuée pour reconstituer notre histoire au moyen des dernières avancées de la génétique, de l’anthropologie, de l’archéologie expérimentale… Chaque réponse apportée comporte juste ce qu’il faut de présentation de la démarche scientifique en préhistoire, d’explications techniques, d’histoire de la science…

On constatera parfois une différence de traitement entre, d’une part, par exemple, « le premier feu » et « le premier hashtag », et d’autre part « le premier chef » (3 pages pour les premiers, 10 pour le second⁴) mais elle s’explique en raison de la complexité de la question, de l’intérêt de l’auteur pour celle-ci et du nombre des références.

A ce propos, ce sont à chaque fois entre 3 à 7 ouvrages qui sont présentés en fin de chapitre. Là aussi, pas de liste interminable mais l’essentiel. Deux types s’en dégagent et seront utiles à ceux qui veulent aller plus loin : les ouvrages de bases et les derniers essais en date. Pour « le premier chef » on trouve donc d’une part les classiques que sont Sahlin, Testard et Bon et d’autre part la dernière publication d’Emmanuel Guy dont l’auteur reprend, de façon assumée, d’assez grands développements⁵.

A la fin de l’ouvrage, la chronologie des principaux homininés sera bien utile aux professeurs de classe de 6^e : elle évite de présenter une évolution linéaire qui n’est plus d’actualité aujourd’hui mais qui reste encore très présente dans les esprits, voire dans nos manuels. Moins compliquée que certaines représentations d’évolution buissonnantes trouvées sur Internet, elle montre bien qu’il y a eu plusieurs espèces différentes au même moment. Un glossaire et une frise chronologie verticale des peuplements avec, en marge, la datation de quelques premières fois, clos cet ouvrage très pratique et efficace.

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