Issu de tables rondes organisées par l’IEA de Paris dans le cadre du programme « Paris, métropoles en miroir. L’île de France comme région métropolitaine », cet ouvrage rassemble rassemble plus de vingt contributions sous la direction de deux architectes-urbanistes, Christiana Mazzoni (Strasbourg) et Yannis Tsiomis (Paris la Villette). Trois parties le structurent : des éléments de définition du fait métropolitain, un focus sur Paris et enfin des comparaisons internationales.
Les entrées par les limites spatiales ou la typologie des formes devenant de plus en plus difficile à valider, c’est via les discours urbanistiques ou plus exactement la notion de « projet » que les auteurs nous invitent à réfléchir.
Des préalables restent nécessaires comme une bonne place sur les marchés mondiaux et une qualité des infrastructures de transport au service de l’accessibilité. Mais une ville peut se révéler métropole à une échelle mais pas forcément à une autre. La contribution de Dieter Läpple (économiste et sociologue à Hamburg) est à ce sujet éclairante car elle montre à la fois à la fois que Berlin, malgré un pouvoir politique fort, n’a jamais su égaler Londres et Paris économiquement mais qu’en même temps, les villes allemandes ont développé une complémentarité leur permettant d’être intégrées à d’autres cités mondiales selon leur thématique de spécialisation.
Le regard sur Paris montre que, capitale d’Etat avant tout, la ville n’a réussi que très récemment à faire admettre qu’elle pouvait s’inscrire dans une réflexion sur son statut de métropole. Les termes utilisés, « région parisienne », « Grand Paris », « Métropole » sont d’ailleurs très changeants comme l’explique Laurent Coudroy de Lille (géographe et historien à Paris XII).
Mais la multiplicité des acteurs (dont le nouveau syndicat « Paris Métropole ») n’est pas sans conséquence sur les réflexions globales sur le projet laissant se développer des pratiques « gestionnaires » ou « d’opportunités » où l’Etat demeure trop discret, voire absent.
Pourtant l’action sur le territoire parisien est nécessaire, via sa densification notamment mais tout en regardant au delà : Antoine Grumbach (architecte-urbaniste) note qu’en tant que métropole historique et culturelle, Paris doit faire des efforts économiquement mais que l’absence de port doit permettre d’engager une réflexion sur l’échelle de la Seine.
Les comparaisons internationales mettent en lumière les projets de certains territoires (expositions universelles à Berlin, reconquête du patrimoine industriel à Venise…) tout en soulignant parfois les échecs à l’image d’un Grand Rome ou de Sao Paulo où la tradition de réflexion à cette échelle métropolitaine n’a jamais vraiment existé. La contribution de Jean-Louis Cohen (architecte et historien à New-York) sur Los Angeles montre quant à elle toute la difficulté de proposer un projet global dans une métropole faite « d’extrêmes ».
Pour conclure, Ariella Masboungi (architecte-urbaniste de l’Etat) note « qu’agir sur les grands territoires, c’est développer une certaine philosophie de l’action », proposer un scénario, puis un autre, ne pas demeurer sur un projet figé. C’est pour cela qu’il convient également de prendre en compte un facteur parfois négligé dans l’étude de l’espace, le temps, qui comme le précise Dominique Alba (architecte-urbaniste à l’APU), doit servir la ville qu’il s’agisse du temps historique de la connaissance, de celui de la programmation à long terme mais également du temps rapide, celui des rythmes de vie, qui nécessite des actions plus immédiates.
Un solide volume sur cette question du projet métropolitain enrichi notamment par des introductions de parties et une iconographie originale centrée sur la reliure des pages.