Les éditions Terre vivante vient de lancer une nouvelle collection, « Champs d’action », qui compte aujourd’hui trois titres :

Le format est court, et il risque de décevoir ceux qui voudraient avoir une sorte de précis sur chacun des thèmes abordés. Cependant, on doit considérer ces ouvrages comme une première approche, et se reporter à la bibliographie qui figure à la fin de chaque volume. On trouvera parfois un lexique des plus utiles.

Chaque livre repose sur la pratique des auteurs. Jean-Jacques Fasquel, par exemple, est un adepte du wwoofing, à savoir travailler bénévolement pendant un temps variable dans une ferme. Il s’appuie ici sur certaines de ses expériences, plus ou moins heureuse (voir son très court séjour en Californie), ce qui nous donne un panorama des lieux d’accueil (en France et aux États-Unis), des activités pratiquées, des relations qui se sont tissées. On passe de l’apiculture (que pratique J.-J. Fasquel à Paris) au maraîchage, de la boulangerie à la construction (ce qui n’était pas prévu), etc.

Éric Lenoir est paysagiste et pépiniériste. Au gré de ses voyages et de l’enrichissement de son expérience, il en est venu à définir des règles qui lui ont permis de s’émanciper de son savoir théorique. Cela peut paraître un pléonasme, mais comme l’anarchie, le « jardin punk » ne peut se concevoir et se développer que dans un cadre : « l’ordre moins le pouvoir », pour reprendre le titre de l’ouvrage du libertaire Normand Baillargeon. L’ignorer serait commettre un grave contre-sens. On comprend alors pourquoi il est vain de se battre contre la nature, en tentant d’imposer une essence à un sol qui ne lui est pas propice. Toutefois, laisser faire les végétaux, c’est aussi risquer d’amoindrir la biodiversité : le jardinier punk a aussi pour rôle de protéger les espèces les plus fragiles. Le renard libre dans un poulailler libre, ça vous rappelle quelque chose ? Mais son appel à désapprendre doit se concevoir à adopter un point de vue critique vis-à-vis de ce qu’on nous enseigne ; pour nous, ce sera un salutaire appel à la vigilance quant à que nous enseignons. Ce Petit traité du jardin punk nous invite donc à une réflexion plus large.

Terre vivante a déjà publié des ouvrages sur la permaculture. Au début de cette année, Grégory Derville avait donné son excellent La Permaculture. En route vers la transition écologique, dont on a rendu compte dans la Cliothèque. Avec un peu moins de la moitié des pages, Louise Browaeys ne pouvait prétendre arriver au même résultat. Mais autant Grégory Derville avait fourni un ouvrage très solide, autant celui qui nous occupe est une synthèse qui ne doit pas être négligé. Ingénieure agronome, Louise Browaeys nous donne à comprendre que la permaculture ne se résumé pas à des pratiques culturales. Le sous-titre en éclaire d’ailleurs bien le principe global, puisqu’il concerne l’individu pris dans son environnement global. L’auteur rappelle les douze principes de la permaculture. Comme les autres ouvrages, elle donne des témoignages (un tiers du livre) qui permettent de comprendre les liens qui existent entre la permaculture et l’éducation, par exemple. On verra alors que cela consiste à agir sur l’environnement de l’enfant et non sur lui-même, selon le principe de l’école Montessori (clairement évoquée), qu’un Freinet ne désavouerait pas, bien au contraire.

Ces trois petits livres s’adressent donc à un public de néophytes aussi bien qu’aux curieux qui souhaiteraient en savoir davantage, et les élèves y trouveront leur compte. Ces synthèses leur procureront une base solide, mais qui demande à être complété par d’autres lectures mais surtout par la pratique. La collection est à suivre avec beaucoup d’intérêt.


Frédéric Stévenot, pour Les Clionautes