Si l’aviation ne représente que 3 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, elle constitue un secteur sur lequel il est possible de faire des efforts. Ce projet éditorial original esquisse des pistes de solution en la matière.

Il réunit quatre auteurs de BD portés par le centre d’innovation technologique et sociale « Matrice ». Les quatre BD sont introduites et clôturées par des interviews d’acteurs du monde de l’aviation.

La première BD évoque la difficulté à imaginer ne plus faire de voyages intercontinentaux tant ceux-ci sont vecteurs d’échanges. La piste de l’hydrogène est évoquée mais elle pose des problèmes de stockage et de distribution et obligerait à revoir la forme même des avions. Celle des biocarburants est évoquée…comme complémentaire à la première. Les taxes sont à tester aussi tout comme le renoncement spontané à certaines formes de tourisme.

La seconde BD expose les avantages et inconvénients des quatre solutions que sont les biocarburants, les carburants de synthèse, les avions à « zéro émission » et la régulation « spontanée » du trafic. L’exemple est ici celui d’une employée d’une compagnie de transport qui bénéficie d’un compte carbone arrivé à sa limite et qui se voit empêchée de voler avant un délai de 5 ans. Celle-ci se verra mutée du service aérien au service ferroviaire, preuve du développement de ce dernier.

La troisième BD évoque le danger à voler en cas de tempêtes. A travers l’exemple des Pays-Bas redessinés avec des campagnes inondées et des digues protectrices, la protagoniste montre un hémisphère Nord coincé dans de violents vents réguliers qui obligent à trouver une solution technologique.

La quatrième BD montre le parcours du combattant d’une protagoniste devant rejoindre un aéroport pour effectuer un vol devenu réellement hors de prix. La redistribution du tourisme autour d’une échelle de proximité est évoquée tout comme les conditions de vol complexes en raison de la météo.

A la lecture de l’ensemble, on constate que les pistes de solution ne manquent pas : voies aériennes directes, approches en descente constante, usage de tracteurs électriques pour déplacer les avions au sol, optimisateurs météorologiques, vols en formation…Tout cela permettrait une baisse de 20 % des émissions.

Mais il convient de prendre en compte le temps de déploiement de certaines technologies nouvelles (et le temps nous est compté !) mais aussi la nécessaire coordination entre tous les acteurs impliqués (les trainées de condensation responsables de 1 à 2 % du réchauffement pourraient être supprimées en modifiant l’altitude en vol mais pour cela, il faut que les acteurs se coordonnent).

Ce qui ressort assez nettement, c’est qu’il serait souhaitable de ne garder l’aérien que pour les très longues distances et d’utiliser au maximum le ferroviaire pour le reste. L’invitation à réfléchir à un tourisme davantage de proximité est prégnante aussi. L’information des voyageurs sur leur impact est à développer également.

Ce format éditorial hybride est tout à fait convaincant pour faire passer le message : rigueur de l’analyse et vulgarisation imagée vont de paire sur ce sujet central. Une très belle réussite !