Dans la continuité du premier tome paru aux éditions Delcourt en cours d’année 2022, et que nous avions pu recenser pour la cliothèque, le seinen et de Junji Ito et Takashi Nagasaki nous replonge dans la lutte du jeune diplomate Mamoru Yuki, surnommé le Raspoutine nippon, en prise avec la justice nipponne qui entend le faire tomber lui et son patron Mineo Tsuzuki. À l’issue de nombreux interrogatoires avec le procureur Takamura, qui furent autant de combats entre un homme cherchant à défendre son honneur face à la machine judiciaire kafkaïenne du Japon, bien décidée à mettre en scène sa culpabilité, Yuki était mis en examen.
Face à son obstination et sa lutte, Yuki est mis en examen pour entrave au travail par voie frauduleuse, accusé d’avoir privilégié la firme Mitsuba Corporation représentée par Hideaki Imada dans l’attribution d’un marché public à Hokkaïdo. Sans aucune preuve contre lui, Yuki résiste aux méthodes de la justice : construire un narratif accusatoire, le faire « fuiter » par inadvertance afin de préparer l’opinion publique, et ainsi manipuler le procès à venir. Yuki le sait désormais : il ne peut plus avoir confiance en la justice de son pays.
Tous les moyens sont bons
Le procureur ne parvenant pas à le faire, il se rabat sur un ancien collègue du jeune diplomate : Ryo Goto. Ce dernier, qui avait rencontré Yuki à Moscou, et qui entendait travailler à la rétrocession des îles du Nord à Tokyo, avait trahi et dénoncé notre protagoniste, cherchant à se protéger des poursuites judiciaires. Las : Yuki ne cède pas aux pressions et continue à se battre dans cette caricature de procédure judiciaire. Son avocat lui rappelle : on demande au procureur d’atteindre la vérité en « dénaturant les faits »Raspoutine le patriote tome 2, page 42.
L’affaire change d’envergure au moment où Tsuzuki, qui était la cible de la justice, est finalement mis en examen. Malgré les efforts déployés, impossible de prouver un scandale majeur contre le député. Mais le ministère de peut se dédire. Yuki n’entend pas céder pour autant. Les menaces n’ont pas de prise sur lui et la « justice de l’otage » (entendez garder indéfiniment d’individus en détention pour lui soutirer des aveux) se met en place. Yuki endure mais ne flanche pas : il a prit sa décision et ne sortira pas avant Tsuzuki.
Le député subit les plus violentes attaques du tome. Bien que soutenu par sa famille, ce dernier se voit opposer un mur judiciaire qui lui pose inlassablement les mêmes questions, malgré les preuves apportées par le député. Les attaques atteignent ses collaborateurs les plus proches, notamment sa comptable partie à la retraite et malade. Cette dernière est placée en détention et privée des soins adéquats afin de l’amener à dénoncer son ancien employeur. Ce dernier hésite mais finalement se ravise il ne s’agit pas de flancher et de donner raison à une institution qui entend le faire craquer.
L’espoir au bout du tunnel
Face au refus de Tsuzuki, le regard se porte alors sur le directeur de la section Eurasie au ministère des affaires étrangères dont dépendait Yuki : Saijo. Yuki a le plus grand respect pour ce serviteur de l’État, attaché à l’intérêt général et imperméable à la flagornerie, les compliments et la corruption. Takamura multiplie les interrogatoires à son sujet, recherche la faille pour s’y engouffrer et remettre en cause la réputation de cet homme attaché à la rétrocession des îles du Nord. Yuki le sait : il ne peut laisser le moindre espace à son adversaire. Heureusement sa détermination est intacte.
Takamura et Yuki se rendent coup pour coup, le combat commence à épuiser d’ailleurs le procureur qui prend conscience de la détermination infaillible de l’homme en face de lui. Yuki est de ces serviteurs, prêts à sacrifier leur intérêt pour le plus grand nombre et attachés par-dessus tout à leur honneur et à leur dignité : il fait partie de l’élite de la Nation.
Malgré les jours et les semaines passent Yuki s’accroche. La lumière semble poindre au bout du tunnel et l’on attend patiemment le tome trois pour en savoir davantage.