En cette période de coup d’état en Afrique, voilà un roman graphique sur Thomas Sankara qui rappelle l’histoire du Burkina Faso .

Franco Dussio pour le scénario et Luca Occhetti pour les images proposent une biographie de ce personnage, héros dans son pays.

L’auteurComme il l’annonce dans un propos introductif et en bibliographie s’appuie sur une solide documentation pour offrir au lecteur une biographie détaillée du jeune Thomas, fils d’un tirailleur sénégalais. On le suit dans ses études, on comprend les circonstances qui le pousse à entrer dans l’armée et qui contribuent à forger son refus de la corruption et sa soif de justice. Sa formation à l’académie militaire d’Antsirabe, à Madagascar, lui donne l’occasion de réfléchir aux questions économiques et au développement de l’agriculture.

En juin 1973, il est de retour en Haute-Volta, et rapidement confronté au conflit frontalier avec le Mali. Sa popularité au sein de l’armée et sa rencontre avec Blaise Compaoré l’amènent à la conviction que l’armée, en prenant le pouvoir, pourra mettre fin au clientélisme et à la corruption.

On suit la vie et la carrière de Sankara, quasi eu jour le jour, sa brève expérience au côté de Saye Zerbo (1981-1982), le coup d’état de novembre 1982.

Le récit évoque ainsi bien les réticences des leaders africains, tout particulièrement d’Houphouët-Boigny que l’attitude du gouvernement français lors de la tentative du 17 mai 1983. Cette même année amène Sankara de la prison au sommet du pouvoir au sein d’un gouvernement qui associe civils et militaires. Les premières mesures marquent clairement les choix : le baisse des salaires des ministres, les voyages des ministres en classe économique. En 1984, la Haute-Volta devient le Pays des hommes intègres : le Burkina Faso.

Cette vie austère favorise les tentatives de stabilisation, de séduction de la France envers Compaoré. L’auteur décrit à la fois la politique de son héros que les menaces qui pèsent sur son pouvoir, jusqu’à son assassinat le 15 octobre 1987. Il en avait eu l’intuition.

« Si un coup d’état a lieu contre moi, cela ne peut venir que de Blaise. Il connaît toutes mes habitudes. » Extrait d’un article du Monde Afrique : Thomas Sankara et Blaise Compaoré, à la vie à la mort, Par Pierre Lepidi  (envoyé spécial à Ouagadougou) et Sophie Douce  (Ouagadougou, correspondance) Publié le 11 octobre 2021

L’auteur a été séduit par son héros. Il en oublie presque une certaine brutalité, des réformes, sans doute prématurées, pas toujours comprises. Pour suivre l’idéologie de Sankara, il s’appuie, avec raison, sur deux discours emblématiques : le 4 octobre 1984 à l’ONU

et lors de la conférence d’Addis-Abeba le 29 juillet 1987.

 

La BD est complétée d’une post-face de Christophe Cassiau-Haurie qui fait le point sur les réformes de Thomas Sankara et d’une retranscription de sa dernière interview, le 4 octobre 1987, par la journaliste allemande Inga Nagel.

Pour rappel, le responsable de la chute de Sankara, Blaise Compaoré, bien soutenu sinon poussé par le gouvernement français, est resté au pouvoir jusqu’en octobre 2014 avant d’être lui-même victime d’une révolution, exfiltré par la France, accueilli en Côte-Ivoire, il n’a pas été présent au procès Voir Thomas Sankara, un procès pour l’histoire • FRANCE 24 intenté contre les assassins de Thomas Sankara en 2021 à Ouagadougou.