Rédigé par Bénédicte Lefebvre, sociologue à Lille 1 et Michel Rautenberg, anthropologue à Saint-Etienne, cet ouvrage traite essentiellement des relations de voisinage en milieu urbain.

C’est le contexte tout particulier du cadre d’étude, une ville nouvelle, qui donne sa spécificité à l’enquête ici présentée. En effet, la majorité des interviewés résident sur place depuis la création de Villeneuve d’Ascq.

Le projet, à l’initiative d’Edgard Pisani, de « construire une ville autour de l’université puisqu’on ne peut plus construire d’universités en ville » fut assez mal accueilli, notamment de par le fait que l’EPALE (Établissement Public d’Aménagement de Lille Est) ne comportait aucun représentant des communes concernées (Flers, Annappes et Ascq dont le nom sera gardé). Pourtant une fois lancée, la création de Villeneuve d’Ascq sera source d’innovations et d’expériences urbaines diverses.

Portant sur quatre quartiers et une population originaire pour 50 % de la métropole lilloise, pour 20 % de la région Nord Pas de Calais et pour le reste d’autres régions de France, l’enquête apporte, en suivant la chronologie de la ville, différents éléments sur les mobilités résidentielles, les aspirations des habitants et leurs pratiques de voisinage.

Peut-être paradoxalement pour un regard lointain, Villeneuve d’Ascq évoque la ville verte, tournée vers la nature, les possibilités de balades…elle représente, aux origines, une solide alternative aux ZUP.

Habiter la ville nouvelle, c’est un emménagement particulier, c’est un peu comme participer à la création d’une ville. En ce sens, beaucoup de gens étaient nouveaux et le besoin de se rencontrer a été fort affirmé. Le poids des associations y est beaucoup plus élevé qu’ailleurs en France, ce qu’on peut expliquer par des habitudes de négociations tissées durant l’évolution de la ville. Quelques déceptions sur des aménagements non finis, des malfaçons sont évoquées mais l’entraide et les rapports amicaux dominent l’analyse.

Aujourd’hui l’esprit pionnier semble s’en être allé, les comités de quartiers à la moyenne d’âge élevée ne répondent pas vraiment aux aspirations des jeunes.

Mais au delà de cette image de ville à la campagne, l’ouverture culturelle (le Kino de Lille 3, le musée d’Arts Moderne, la compagnie CRIC CRAC) et sportive (le Stadium Nord et bientôt le stade du LOSC) a permis à la ville de s’ouvrir. Cependant l’idéal de mixité sociale s’est étiolé et la ville se recentre sur les « cols blancs ». L’absence du commerce de proximité semble avoir été une erreur difficilement récupérable aujourd’hui.

Un regard sur l’histoire particulière d’une ville nouvelle détaillé, un peu complexe mais dont les extraits de témoignage permettent de mieux saisir la teneur.