Professeur de géographie urbaine à l’université de Newcastle, Stephen Graham nous invite, principalement à l’aide de l’exemple des Etats-Unis, à réfléchir sur l’évolution de nos cités vers toujours plus de contrôle et de surveillance.

Mais au delà de cette multiplication des caméras et des systèmes de localisation, c’est sur l’extension des questions militaires à la vie civile qu’il juge pertinent de se pencher. La guerre a changé de visage et apparaît désormais moins une affaire durable entre les Etats qu’une série de conflits successifs à échelle urbaine et de moindre durée.

Si les uns deviennent des « cibles », c’est sans doute parce que d’autres se sont sans doute transformés en « menaces » mais la question principale est d’évaluer la part du fantasmé dans cette logique. Prenant l’impératif sécuritaire comme principe fondamental de l’action publique, l’Etat contribue au développement du phénomène, des marchés de la surveillance toujours plus juteux à la couverture médiatique indécente des conflits en passant par la banalisation de l’imagerie militaire comme en témoigne l’exemple du Hummer ou des jeux vidéos.

L’ouvrage passe en revue de nombreux terrains minés (Afghanistan, Irak, Palestine, Israël…) et donne quelques leçons générales d’urbicideVoir des éléments de définition ici: http://geographie-ville-en-guerre.blogspot.fr/2008/10/la-notion-durbicide-dimensions.html et montre que le talon d’achille urbain se situe dans les réseaux qui, une fois paralysés, entrainent la « démodernisation » de la cité. Un bon tableau (p 223), basé sur l’analyse de Christina Patterson, montre les effets de 3 ordres successifs que peut entrainer la perturbation d’une alimentation en électricité. Graham insiste en énonçant que « le ciblage des infrastructures dans les sociétés fortement urbanisées tue les faibles, les vieux et les malades aussi sûrement qu’un tapis de bombes ».

Une analyse très complète mais également très sombre de ce « cycle d’autoperpétuation où la colère et le désespoir de ceux qui vivent dans des villes éteintes peuvent être exploités avec un désir de violence terroriste contre ceux qui sont responsables de leur sort ».