Afrique subsaharienne – un continent d’histoires

Cet ouvrage collectif réunit des historiens incontournables, spécialistes de l’histoire de l’Afrique tels que François-Xavier Fauvelle, Jean-Pierre Chrétien, Catherine Coquery-Vidrovitch ou Elikia M’Bokolo. Co-produit par les éditions Nouveau Monde et la revue L’Histoire, il remet en lumière des articles déjà publiés qui visent à faire découvrir au grand public l’histoire de l’Afrique subsaharienne de Lucy à la fin de la Françafrique.

Ces articles courts sont une première approche, une invitation à d’autres lectures. Un petit cahier central propose quelques cartes. L’ouvrage a donc toute sa place dans les CDI des collèges et des lycées.

L’article de François-Xavier Fauvelle, intitulé « Afrique, histoire universelle », paru dans la revue L’Histoire n° 447, sert d’introduction. L’auteur y répond aux propos d’un ancien un président français qui affirmait que « l’homme africain n’était pas assez entré dans l’Histoire« . Notre ignorance, qui nous empêche de situer la capitale du Mali visitée par Ibn Battûta, est le symbole même du travail qui reste à faire pour connaître l’histoire de l’Afrique.

Les sources vives de l’histoire

Jean-Renaud Boissière, dans Le Berceau de l’humanité¹, rappelle le caractère exceptionnel de la découverte de Lucy en 1974. Elle permit une avancée de la connaissance des ancêtres de l’homme.

Bernard Nantet décrit L’âge d’or du néolithique² à partir des peintures rupestres du Tassili dont les premières furent documentées en 1957. Une végétation luxuriante abritait une faune diversifiée. Les historiens ont pu définir une chronologie africaine des évolutions climatiques et des débuts de l’élevage. Ils ont montré l’adaptation rendue indispensable par la désertification.

Avec François Bon, le lecteur part vers le sud : La longue histoire des Bushmen³. C’est la trace historique de ces chasseurs-cueilleurs que recherche l’auteur jusqu’à 8 000 ans avant notre ère.

Le temps des empires

Iwona Gajda présente De Daamat à Aksoum les premiers royaumes⁴ éthiopiens dont les vestiges sont aujourd’hui menacés par le conflit au Tigré.

C’est à la christianisation du pays qu’est consacré l’article de Marie-Laure Derat : Éthiopie, les rois et leurs rapports à l’écrit⁵. On y suit l’histoire du royaume d’Aksoum su 1^er au XVIe siècle, avec notamment le roi Lalibela.

Dans D’autres Moyen Age⁶, François-Xavier Fauvelle montre les apports de l’archéologie à la connaissance des réalités africaines au cours du millénaire qui représente, en Europe, le Moyen Age. Il décrit notamment les vestiges funéraires des cultes païens.

Dans l’article intitulé Le Temps des royaumes⁷ , François-Xavier Fauvelle et Bertrand Hirsh s’intéressent aux formations politiques inégalitaires et pratiquant l’esclavage et l’islamisation des confins sud du Sahara : les royaumes de l’ouest, Ghâna, Mâli, Songhay. Ils décrivent aussi les royaumes chrétien de Nubie et d’Éthiopie, les cités marchandes de la côte orientale.

Le spécialiste de l’Afrique de l’Est, Jean-Pierre Chrétien révèle un monde méconnu : Les cités de pierre du Zimbabwe⁸. Découvertes au XIXe siècle, l’archéologie a permis s’en savoir plus sur cette civilisation basée sur l’économie de l’or mais aussi sur une économie agropastorale et des échanges avec l’Océan Indien avant son déclin au XVe siècle.

Djenné, sur le Nil-des-Noirs⁹, la ville, au carrefour du Sahara et du Sahel est une plaque tournante du commerce de l’or et du sel, étudiée ici par Pierre Alexandre. L’auteur montre sa conversion à l’Islam et retrace les grandes lignes de son histoire entre présence malienne et convoitises marocaines, jusqu’à la prise de la ville par l’infanterie de marine en 1893.

Le même auteur présente une source importante pour cette histoire, Ibn Battûta, un candide en Afrique¹⁰.

François-Xavier Fauvelle et Bertrand Hirsh reviennent sur un sujet qu’ils connaissent bien : Le Mâli, pays de or¹¹. Ils évoquent les sources écrites et archéologiques. Ils centrent leur propos sur le XIVe siècle, entre économie et politique.

De l’exploration à la colonisation

Yann Potin traite des explorations portugaises : Afrique, le continent détourné¹².

L’ouvrage reprend un entretien de 1979 avec Catherine Coquery-Vidrovitch : 2 000 ans de colonisation¹³. Pour l’historienne, la colonisation commence dans l’Antiquité. Elle donne la trame de cette longue histoire où l’esclavage tient une grande place.

Beaucoup plus récemment, dans L’esclavage, une question noire¹⁴ lui permet de rappeler que l’esclavage n’a pas été seulement noir. Elle évoque une Antiquité métisse, la traite atlantique, l’invention de la race par la colonisation.

Dans La grande déportation vers l’Amérique¹⁵, Philippe Haudrère rappelle les causes, les conditions de cette migration forcée largement connue et enseignée.

Estelle Sohier consacre un article à Ménélik II et la fondation de l’Éthiopie contemporaine¹⁶. Elle décrit le contexte, la prise du pouvoir, la lutte contre les ambitions italiennes et la modernisation du pays.

L’affaire Voulet-Chanoine¹⁷, ou l’histoire de ce qu’on appellerait aujourd’hui un crime de guerre traitée par Michel Pierre. Il rapporte les faits jusqu’à la mutinerie finale.

Catherine Coquery-Vidrovitch dressait, en 1979, un bilan du pillage de l’Afrique subsaharienne¹⁸ et Elikia M’Bokolo évoque le travail forcé, c’est de l’esclavage¹⁹. Il montre les constantes entre esclavage et travail forcé et comment les oppositions au système sont restées sans suite.

C’est Pap Ndiaye qui traite des soldats noirs de la République²⁰, ces hommes longtemps oubliés de la mémoire collective. Il rappelle la genèse de la Force noire, leur rôle durant le premier conflit mondial et la « guerre raciale » des Allemands.

Enfin, Jean-Pierre Chrétien dresse un bilan d’un siècle de colonisation (1850-1960)²¹ à partir du changement de regard sur le continent au milieu du XIXe siècle. Le commerce a peu à peu légitimé les conquêtes. Des systèmes d’exploitation et de contrôle se sont mis en place avant que n’émerge une conscience politique.

Décolonisations

Marc Michel retrace les changements profonds de 1945 aux années 1960 qui ont amené à la fin de la colonisation dans l’empire français : Et l’indépendance vint à l’Afrique²².

Jean Fremigacci montre que cette indépendance ne s’est pas toujours faite violences : Madagascar, la grande révolte de 1947²³ et Elikia M’Bokolo revient dans un entretien sur 1960 : l’année africaine²⁴ en insistant sur les moments difficiles Guinée de Sékou Touré, Léopoldville, Cameroun et les réactions de la casse à la fête.

Avec Jean-Pierre Bat, on aborde la difficile sortie de la colonisation²⁵. L’auteur replace la décolonisation dans le contexte de la guerre froide et montre les régimes autocratiques : Mobutu, Bongo.

Pierre Kipré traite de la toute dernière période : De la Françafrique à l’afro-pessimisme²⁶. Il décrit, en détail, les « avatars » de la coopération française en trois phases chronologiques.

Dans A la poursuite de l’éden africain²⁷, Guillaume Blanc revient sur un sujet qu’il a développé dans son ouvrage L’invention du colonialisme vert – Pour en finir avec le mythe de l’éden africain²⁸

Des articles, plus ou moins récents, toujours bien documentés qui suscitent la curiosité.

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