La Méditerranée, un monde entre fragmentation et circulations que l’auteur, Florian Louis et le cartographe Fabrice Le Goff, décrivent de l’Antiquité à nos jours.
Après l’Afrique, les ou le Moyen-Orient, les éditions Autrement dans leur classique et fort pertinente collection diachronique s’intéressent ici à la Méditerranée.
En suivant les traces de Predrag Matvejevitch, il s’agit de montrer la lente construction historique de cet espace géographique défini en introduction.
Une mer fertile, le creuset méditerranéen
Ce sont d’abord les vallées fertiles du royaume d’Hammurabi au Nil pharaonique qui constituent cet espace avant que les îles, en particulier la Crète minoenne puis mycénienne, ne développent un espace d’échanges. Longtemps la Méditerranée fut d’abord orientale avec l’apogée des cités grecques. Puis Rome domine de Gibraltar au Levant un espace tant terrestre que maritime.
A la fin de l’Antiquité, la Méditerranée devint une zone de dispersion du judaïsme (diaspora) et de diffusion du christianisme. La scission de l’empire romain finissant renoue avec une certaine rupture entre est et ouest, même si sous Justinien l’expansion de Constantinople ramène des troupes sur les côtes ibériques et du Maghreb. La propagation de la peste au cours de la seconde moitié du VIe siècle provoque la perte de 40 % de la population du bassin méditerranéen.
Une mer partagée, rencontres et confrontations médiévales
C’est d’abord l’expansion arabo-musulmane, avec un focus sur les Berbères et les Almohades au Maghreb et dans la péninsule ibérique. Les croisades réintroduisent les Européens en Méditerranée jusqu’au Levant avant que les républiques maritimes italiennes ne contrôlent le commerce ce qui apporte la peste de 1346-1348.
La présence normande est évoquée avec un intéressant plan de Palerme.
Enfin l’opposition entre Angevins et Aragonais montre le rôle de la Méditerranée dans la politique de ces Etats.
Une mer agitée, modernités méditerranéennes
La fin d’Al Andalus marque le début d’une période au cours de laquelle les deux parties est et ouest ont connu des sorts séparés, non sans conflictualités. Une double page est consacrée à la « Reconquista ».
A partir des XIVe et XVe siècles la puissance ottomane s’affirme en Méditerranée orientale. A noter une carte de l’avancée vers l’ouest, centrée sur Constantinople, le choix d’orientation est plutôt déstabilisant (p. 56).
Le XVIe siècle est marqué par l’opposition des Habsbourg et des Ottomans : l’expulsion des Morisques d’Espagne, la bataille de Lépante et une grande insécurité pour la navigation jusqu’au XVIIIe siècle.
Une mer dominée, le temps de l’hégémonie européenne
Ce quatrième chapitre s’ouvre sur les aventures de Bonaparte en Egypte qui précède, en quelque sorte, les voyages des romantiques, plutôt sur le littoral septentrional.
Le XIXe siècle est marqué par les indépendances et la naissance de nouveaux Etats sur les bords de la Méditerranée : Grèce, Italie mais aussi par les appétits coloniaux britanniques et français permis par le « crépuscule ottoman ». Le début du XXe siècle permet de montrer les « vents fascistes » italien et espagnol sur les rivages nord.
Une mer à réinventer, les défis contemporains
Aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale vient le temps des décolonisations et de la naissance d’Israël. La partie orientale de la Méditerranée devient un espace de guerres chaudes : Chypre, Suez et de recompositions géopolitiques : Printemps arabes, migrations, ambitions turques.
Au plan économique la manne touristique depuis les années 1960 est mise en danger par le changement climatique (feux de forêt, montée du niveau de la mer).
Un outil de qualité qui a toute sa place au CDI.
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