Sorti pour le douzième anniversaire des attentats du World Trade Center, cet atlas de New-York se voit réédité après une première parution en 2009. Rédigé par la jolie plume, même flatteuse dans son introduction, de Renaud Le Goix, maître de conférences à Paris 1, spécialiste de la géographie des Etats-Unis, l’ouvrage entend faire le point sur la place d’une mégapole toujours emblématique et toujours courtisée mais en proie à quelques doutes sur son leadership.

Le déluge médiatique d’images presque toujours centré sur Manhattan tend presque à faire oublier que New-York bénéficie avant tout d’une situation très favorable : il est ainsi bon de rappeler que c’est grâce à une faible altitude, des sols fertiles et un site portuaire à faible marnage que la ville a pu prendre son envol non sans quelques turbulences historiques. Il est même intéressant de contempler, dans un chapitre élargissant le champ de vision à la façade atlantique nord, les vues, peu habituelles elles aussi, d’un arrière-pays boisé, où s’étendent de nombreuses résidences secondaires et où les littoraux tentent de préserver leurs parcs d’attractions d’époque face à la pression immobilière.

Capitale à de très nombreux niveaux et sans doute un peu « centre du monde » si l’on s’appuie sur la kyrielle d’indicateurs existants ou sur la citation de 1998 de Manuel Castells « l’ultime ironie d’un monde délocalisé, c’est que certains lieux ont pour fonction d’organiser le reste… », New-York souffre pourtant d’un mal interne, sa fragmentation très marquée, dans les domaines du logement et de la ségrégation. Paradoxe pour celle qui bâtit son dynamisme sur son activité migratoire.

Les documents montrent de multiples facettes de la ville : soignés (le prototype en 3D du centre ludo-commercial du Rockfeller Center, p 53) et originaux (le sens de circulation des joggers de Central Park, p 55), ils valent surtout par leur capacité à nous montrer le gigantisme. La double page (58-59) montre une vue détaillée de la mégalopole extrêmement fine, celle de la page 41 expose les différents échelons de la gouvernance : la zone agglomérée s’étend sur deux Etats, l’aire urbaine sur trois ! L’explication sur l’étalement vient en renfort, page 60, montrer que les pôles périphériques, fiscalement favorisés, se développent et que le mode de transport individuel demeure dominant.

Déjà déclassée démographiquement ou sur la hauteur de sa skyline, New-York s’interroge sur son avenir mais bénéficie d’un atout majeur, une formidable capacité à se réinventer et à innover (voir, par exemple, les usages des toits). Il faudra en passer par une reconquête du centre, une meilleure mixité des populations et des efforts environnementaux (la montée des eaux, illustrée p 77, est une menace). En tous cas, tous ceux qui avaient prédit sa fin sous les eaux, la banquise, les martiens ou encore les astéroïdes (voir, p 34, l’amusant paragraphe sur les films traitant de la destruction de la ville) se sont trompés jusque là ! Nous resterons attentifs !

Sur la forme, on signalera une infime coquille p 78 où le premier paragraphe évoque des références à des cartes p 23 et 27 qui ne correspondent pas (relique d’une ancienne édition ?). La maquette, toujours travaillée, fait la part belle aux photographies (3 doubles pages en début mais aussi en fin d’ouvrage, en plus de celles contenues dans le texte). Chronologie, biographie des maires, sitographie et bibliographie complètent l’ensemble pour qui souhaitera aller plus loin.