« N’oubliez pas ! Celui qui combat peut perdre… mais celui qui ne combat pas a déjà perdu. », Beate Klarsfeld, p. 198

Voici une magnifique bande dessinée qui adapte les Mémoires de Serge et Beate Klarsfeld, elle est éditée par la maison, désormais bien connue des Clionautes,  la Boîte à bulles (Dans les vestiaires, Guernica, Les fantômes de Ermo et bien d’autres !), avec le soutien de la Fondation pour la mémoire de la Shoah et du mémorial de la Shoah.

Serge Klarsfeld, qui « considère la BD, comme le roman policier ou de science-fiction, comme un domaine authentique de la littérature », préface l’ouvrage.  Il avoue avoir été « sceptique » quant à la retranscription dans une BD de leur vie mouvementée,  mais, finalement, il se reconnaît dans le scenario de Pascal Bresson et les dessins de Sylvain Dorange. Pascal Breson, auteur d’une quarantaine d’ouvrage, s’est déjà illustré dans une bande dessinée de mémoire à travers Simone Veil, l’Immortelle.

Alors, comment présenter graphiquement un pavé de 688 pages, à savoir les Mémoires du couple Klarsfeld parues en 2015?

Beate arrivant à Lima, p. 131

En commençant le récit par l’évènement qui a fait connaître au monde entier une jeune Allemande prénommée Beate lors du 16è congrès de la CDU en 1968 : la gifle au chancelier Kiesinger. Ainsi l’enfance n’est pas évoquée ou alors brièvement dans la bande dessinée. Puis, retour, sans transition, en 1960 pour narrer la rencontre, sur un quai de métro, Porte de Saint-Cloud, de Beate, une Berlinoise, présente à Paris en tant que jeune fille au pair, et de Serge, un Français juif. Voilà le tour de force réussi de cette bande dessinée : alterner les moments publics qui font du couple Klarsfeld un couple connu, médiatique, et les moments intimes de deux êtres qui s’aiment et fondent une famille.  C’est ainsi que nous serions tentés de lire la BD comme un roman graphique à travers les différentes étapes de la vie de Beate et Serge, voire comme un récit haletant de la traque d’un criminel.

Or, leur opiniâtreté à faire juger les criminels nazis en Allemagne comme en France,  leurs stratagèmes pour arrêter Klaus Barbie / Altmann réfugié en Bolivie, ce criminel, qui n’est pas « ordinaire », qui n’est pas un criminel imaginaire dans un BD , leur patience et leur travail méticuleux pour éditer le mémorial des enfants juifs déportés de France, nous rappellent sans cesse que, non, ce n’est pas un roman graphique, c’est une biographie graphique ! C’est ce combat pour la justice et pour la mémoire qui, perturbant leur vie intime  (à travers les menaces téléphoniques, les tentatives d’attentats..) nous montre à quel leur vie est une vie d’engagements sans faille ! Cela nous permet de saisir le sens du sous-titre de la BD : « un combat contre l’oubli ».

Serge Klarsfeld découvrant Auschwitz-Birkenau, avant la naissance de son premier enfant, p. 44

 

Cette bande-dessinée est formidable : à la fois biographie,  récit historique sur la construction de la mémoire de la Shoah, réflexion sur la justice et la mémoire, elle comblera les lecteurs, aussi divers soient-ils.

L’ouvrage est agrémenté, à la fin,  de photos qui retracent chronologiquement leur vie.

A utiliser en classe de terminale, tronc commun : Thème 1, chapitre 3 : la seconde guerre mondiale

A utiliser en classe de terminale, enseignement spécialité :

Thème 3 : Histoire et mémoires. Objet de travail conclusif L’histoire et les mémoires du génocide des Juifs et des Tziganes. Jalons – Lieux de mémoire du génocide des Juifs et des Tziganes. – Juger les crimes nazis après Nuremberg. – Le génocide dans la littérature et le cinéma

Présentation de la maison d’édition, la Boîte à Bulles :

« Si les Allemands nous arrêtent, moi, je survivrai parce que je suis fort mais pas vous ». Ces paroles, prononcées en 1943 par son père, assassiné à Auschwitz, Serge Klarsfeld ne les oubliera jamais. Après la guerre, il se marie à Beate, une jeune allemande installée à Paris. Ensemble, ils se font la promesse d’obtenir la mise à l’écart de la vie politique allemande de tous les anciens nazis, puis d’obtenir le jugement et la condamnation des principaux responsables nazis de la déportation, notamment ceux ayant sévi en France. Distribution de tracts, manifestations, tentatives d’enlèvements, la « méthode Klarsfeld » prouve leur obstination à débusquer les anciens criminels de guerre qui vivent paisiblement en toute impunité alors que, durant la guerre, ils occupaient des postes officiels, soit comme gradé nazi avec Lischka, Hagen, ou Barbie soit en tant que collaborateurs français comme Papon, Bousquet ou Touvier…

Dans ce roman graphique, Pascal Bresson revient sur les combats de la vie de Beate et Serge Klarsfeld pour que justice soit rendue et que nul n’oublie. Un ouvrage très fort pour l’histoire, la mémoire et la justice, brillamment mis en image par Sylvain Dorange.