Comprendre les intentions du cartographe

En 1993, Flammarion publiait en français le livre d’un géographe états-unien, Mark Monmonnier. Plus de 25 ans après, les éditions Autrement publie une seconde édition francophone de cet ouvrage classique lu par de nombreux étudiants et enseignants de géographie. Un véritable manuel de compréhension des supports cartographiques et d’éducation à la critique de documents.

Aucun planisphère ne peut rivaliser avec un véritable globe pour respecter les surfaces, les angles, les formes générales, les distances et les directions.

Mark Monmonnier, Comment faire mentir les cartes, Autrement, page 33

Cet nouvelle parution en France est corrélée à la troisième édition anglophone publiée par University of Chicago Press en 2018. La traduction de l’anglais vers le français est effectuée par Denis-Armand Canal. La courte préface de l’édition française est signée par le géographe Christian Grataloup, auteur incontournable de nombreux ouvrages géohistoriques : citons notamment le « monde dans nos tasses » en 2017 et de « Vision(s) du monde » à l’automne dernier chez Armand Colin.

L’auteur débute en présentant les caractéristiques des supports cartographiques. Il insiste sur le rôle joué par les projections. Selon lui, les projections cartographiques déforment cinq attributs terrestres lors de la réalisation d’une carte : « les surfaces, les angles, les contours généraux, les distances et les directions » (page 36). Ce n’est qu’ensuite, qu’il s’attache à décortiquer le message et les intentions de son auteur en fonction du destinataire. De façon minutieuse, Mark Monmonnier explique les erreurs (volontaires ou involontaires) en fonction de la nature de la carte (scolaire, militaire, environnementale). Témoignant d’un souci didactique appuyé, l’appendice final est une synthèse sur les latitudes, longitudes, parallèles et méridiens.

Les exemples sont majoritairement nord-américains : c’est l’occasion de s’exercer à situer Syracuse, Chicago, la Pennsylvanie ou l’agglomération de Bath (Maine). La bibliographie proposée à la fin de l’ouvrage témoigne également de ce choix : les références sont exclusivement anglophones.

Avec sa belle couverture composée de lignes de niveaux, ce manuel composé de 130 cartes, majoritairement en noir et blanc, est l’occasion de se plonger dans une approche mêlant des critiques et des propriétés mathématiques vis-à-vis des cartes géographiques. Une référence incontournable pour l’enseignement de la sémiologie graphique dans l’optique du nouvel exercice de cartographie du baccalauréat général.

Pour aller plus loin :

  • Présentation de l’éditeur -> Lien

Antoine BARONNET @ Clionautes