Dans cette synthèse, Paul Claval retrace les principaux principes de la recherche en géographie.

Géo-épistémologie

Après son magistral « Penser le monde en géographe » (chroniqué par Catherine Didier-Fèvre), Paul Claval propose une mise au point en 128 pages. A travers cette synthèse, Paul Claval présente les évolutions de l’épistémologie de la géographie. Le ton est teinté d’analyse philosophique et les sciences sociales annexes sont régulièrement convoquées, au premier rang duquel se trouve la sociologie. Les références aux historiens et aux écoles historiques sont rares (notamment concernant les travaux de Fernand Braudel). L’économie est présente tout au long de l’ouvrage.

Paul Claval s’inscrit dans la lignée des travaux de Thomas Kühn (« The Structure of Scientific Revolutions » en 1962) : l’histoire des sciences serait marquée par des révolutions ponctuelles (1962). L’enrichissement et la diversification de la réflexion épistémologique de la géographie est développée dans le second chapitre, à travers le néo-positivisme et la Nouvelle Géographie. S’inscrivant dans les apports de la géographie nord-américaine avec les multiples citations aux travaux de Derek Gregory, l’auteur n’oublie pas les chercheurs européens avec une page sur la Time Geography popularisée par le suédois Torsten Hagerstrand. Le cœur de l’ouvrage définit clairement les évolutions de la discipline marquées par le marxisme, le poststructuralisme et le tournant culturel. Les chapitres 7 et 8 s’appuient sur les travaux du philosophe Bruno Latour. Son long développement définit l’approche constructiviste (contestée par les actionnistes).

A la fois courte et rythmée par de petites sous-parties facilitant la lecture, cette synthèse n’est cependant pas exempte de critiques. Les « auto-citations » de Paul Claval sont récurrentes et peuvent avoir tendance à lasser le lecteur. D’importants auteurs de « l’histoire de la pensée géographique » (pour reprendre l’expression de Jean-François Deneux) sont étonnamment absents : Emmanuel de Martonne, Christian Grataloup, Jean Gottmann. L’école allemande est résumée aux apports de Ratzel. Ces mises sous silence avaient déjà été souligné par Jean-François Joly dans son compte-rendu en 2003 sur « l’histoire de la géographie française de 1870 à nos jours ».

Finalement, une synthèse relativement complexe permettant de mieux comprendre les enjeux et principes guidant la recherche géographique au sein de la communauté scientifique. L’ouvrage s’avère particulièrement adaptée pour une mise au point rapide pour l’obtention d’un concours (Capes, Cafep, Agrégation).

Pour aller plus loin :

Antoine BARONNET @ Clionautes