Christian Grataloup nous invite à nous replonger dans un ouvrage désormais classique « Géohistoire de la mondialisation » lors de cette troisième édition chez Armand Colin.

Professeur émérite de géohistoire à l’université de Paris VII et à Sciences Po Paris, Christian Grataloup réactualise son classique ayant reçu le prix Ptolémée au Festival International de Géographie de Saint-Dié-des-Vosges (en 2007) et le prix Jean Sainteny de l’Académie des sciences morales et politiques (2008).

La première édition a fait l’objet d’une excellente analyse de Catherine Didier-Fèvre en 2007. Le compte-rendu de cette réédition est donc l’occasion de s’attacher aux nouveaux apports.

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La consultation de cette réédition se justifie d’abord par la nette augmentation du nombre de page : 344 pages (2015) contre 249 pages (2007). L’accent a été mis sur une refonte des documents cartographiques à la lumière des travaux récents de l’auteur. De nombreuses cartes en noirs et blancs sont tirés de « l’Atlas Global » rédigé avec Gilles Fumey et Patrick Boucheron paru en 2014, et dans une moindre mesure, de « l’Introduction à la géohistoire » paru en 2015. La variété des projections est un atout pour une utilisation en classe (par exemple, la carte de la diffusion de la peste au XIVème siècle à la page 131).

Cette troisième édition est l’occasion de présenter les récentes avancées historiographiques en géohistoire, particulièrement nombreuses entre la première et troisième édition. Christian Grataloup le insiste sur les dernières corrections et concède d’ailleurs dès l’introduction : « nul ne peut prétendre être capable d’écrire de première main et simultanément sur la Chine des Tang ou les Mayas, l’empire du Songhaï ou celui des Safavides, le Troisième Reich ou la Guerre de Sécession… ». Les récents travaux de François-Xavier Fauvelle-Aymar sur l’Afrique médiévale, de Catherine Hofmann sur les cartes marines, de Laurent Carroué sur la géographie des flux financiers, de Gabriel Martinez-Gros sur les empires, de Philippe Pelletier sur le Japon et l’Extrême-Occident sont réinvestis pour appréhender la mondialisation. Étonnamment, l’excellente synthèse de l’historien indien Sanjay Subrahmanyam sur l’empire portugais d’Asie n’est pas citée. L’ensemble de l’analyse conceptuelle se révèle d’une très grande richesse.

L’unique point noir réside dans la correction du texte. De nombreuses maladresses et coquilles sont visibles. De l’oubli d’un figuré présent en légende (p.92 : où est le figuré G ? ), l’absence d’espace entre les différents mots d’une phrase (p. 91), côtoient la transformation d’un nom en verbe infinitif (p. 99 « la traverser »), l’oubli de lettre (p. 113 : « avitailler » au lieu de « ravitailler »), le remplacement d’un mot par un autre (p. 139 « une grande partie de l’Europe savante et commerçante disputait (sic) de géographie »), ou encore, l’anachronisme (p. 153 : l’expansion des vikings durant les « X-IXème siècles »). Espérons que ces soucis se régleront lors de la quatrième édition.

Une lecture très agréable d’un ouvrage devenu classique à la fois stimulant et exigeant.

Antoine BARONNET @ Les Clionautes.