Une vaste fresque pour une plongée dans les bois du continent nord-américain du début du XVIIe au milieu du XIXe siècle. C’est l’histoire de ces « mangeurs de lard » qui hivernaient dans les Pays d’en haut : les coureurs de bois, leur contact avec les Amérindiens, une vie en marge de la société coloniale, ensauvagés à la recherche des pelleteries.
Gilles Havard, spécialiste reconnu de l’histoire de la Nouvelle-France propose une somme sur la vie de ces hommes qui ont durant deux siècles et demi parcouru les terres amérindiennes à la recherche de l’aventure et des peaux de castor.
L’ouvrage est l’édition en poche de Histoire des coureurs de bois – Amérique du Nord 1600 – 1840, le livre a été publié par les éditions Les Indes Savantes en 2016 et déjà chroniqué sur la Cliothèque. Il a reçu Grand prix des Rendez-vous de l’histoire de Blois 2016.
L’auteur propose son étude des circulations pelletières en deux grandes parties et 35 chapitres : vues depuis les sociétés coloniales et depuis les sociétés indiennes.
Circulations pelletières et sociétés coloniales
L’auteur aborde tour à tour les premières expériences au début du XVIIe siècle, la naissance de la mobilité avec deux personnages : Des Groseillers et Radisson. Petit-à-petit se met en place une société de vagabonds, dont l’oisiveté est dénoncée par les autorités religieuses de la colonie qui redoutent l’ensauvagement de ces hommes au contact des Amérindiens. Quand la Nouvelle-France devient anglaise les coureurs de bois poursuivent leur commerce, glissant vers l’ouest et le sud, la Louisiane. Le castor est concurrencé par le bison, le bois par la chasse en montagne dans le haut Missouri. Cette première partie se clôt sur la culture du voyage.
Circulations pelletières et sociétés indiennes
L’auteur s’intéresse à la façon dont circulent les biens entre deux mondes : peaux, alcool. Il revient sur le défi linguistique de ces échanges, le métissage culturel largement développé dans son ouvrage Empire et métissages, Indiens et Français dans le Pays d’en Haut 1660-1715 (Québec, Éditions du Septentrion, 2017). La description du quotidien : se soigner, se nourrir, se vêtir amène des détails sur cette vie dans les bois au contact quotidien des Amérindiens (virilité, hospitalité sexuelle, cultures orales) qui donne naissance à une société métisse : les bois-brûlés évoqués dans un autre ouvrage de Gilles Havard : L’Amérique fantôme (Flammarion, 2019).
En conclusion l’auteur revient sur cette identité masculine particulière entre virilité et indianité qui caractérise les coureurs de bois.
Une abondante bibliographie et un index compètent l’ouvrage.
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